lundi 14 octobre 2013

Les Vampires d'Airain : La Légende de Kell, d'Andy Remic,

Ils sont arrivés du Nord et les cités sont tombées. Nul ne semble pouvoir entraver la marche sanglante des vampires d'Airain.
Kell, ancien guerrier légendaire, doit reprendre les armes pour éviter la chute de l'empire.
C'est une époque pour les héros, une ère de légende... Et la hache maudite de Kell a soif de sang.
Quatrième de couverture par Éclipse.
---
« Et pourtant elle avait l’impression d’être la spectatrice d’une représentation. En effet, voir son grand-père se battre lui semblait irréel, surréaliste. Cela sonnait faux. C’était un vieil homme. Il cuisinait de la soupe. Il racontait des histoires. Il se plaignait de son dos. Il se plaignait du prix du poisson au marché. Cela ne collait pas. »
P. 91

J'avoue que je ne sais même plus pourquoi j'avais La Légende de Kell dans ma bibliothèque (sûrement parce que mon cœur de donzelle s'était emballée à la vue de cette couverture et cette impressionnante hache haha, et non, ce n'est pas une épée, pas de blagues libidineuses pour cette fois) et malgré ma note un peu sévère, je tiens à préciser que je n'ai pas vraiment été déçue par cet ouvrage, plutôt mitigée en fait.
La Légende de Kell est un bon tome, mais pas assez bon.
Je préfère donc commencer par énumérer ce qui m'a déplu dans ce récit qui regorge pourtant d'originalité.

Déjà, si certains résumés en disent trop, celui que j'ai sur mon édition n'en dit pas assez, se rapprochant davantage d'une liste de mots-clés (on sait qu'il y aura des vampires, une légende, une grosse hache oui, oui, la grosse hache et du sang). Forcément, je ne savais pas du tout dans quoi je me lançais et j'étais même surprise de voir que Kell n'est pas exactement le personnage principal. La saga se nomme "Les Chroniques des Vampires d'Airain" ou en VO, "Clockwork Vampire Chronicles" et on se rend compte effectivement qu’une Vachine un peu spéciale (comme si un vampire méchano n'était pas déjà suffisamment spécial en soi) partage les feux des projecteurs avec le vieux guerrier. On découvre petit à petit le monde façonné par l'auteur grâce aux récits parallèles, malheureusement, cela marque le premier défaut de La Légende de Kell, qui est d'ailleurs un défaut commun à beaucoup de débuts de saga : c'est un tome beaucoup trop introductif.


Il ne se passe pas grand-chose dans cette première partie (pour tout vous avouer, Kell, la fameuse Légende, passe les trois quarts du roman à fuir) et le récit suit un schéma trop linéaire, trop monotone. Globalement, la recette se tient à combat, viol, torture, combat, gore, viol, gore, torture, viol, combat, torture, torture, combat, gore, viol... Bref, on revoit des scènes très semblables mais avec des personnages différents, ce qui donne à l'histoire une impression de brouillon. Impression très nette d'ailleurs dans les révélations concernant Vashell qui semblent carrément se contredire à certains passages.

Un autre détail qui m'a dérangée : l'absence de carte ! J'ai pourtant cherché mais aucune carte n'existe. On me dira qu'il y a pire comme défaut, et je le reconnais volontiers, mais un monde imaginé sans carte, il y a de quoi facilement paumer un lecteur.
Et j'ai pourtant un sens de l'orientation pas trop mauvais.

La bouille de l'auteur, descendre à Quelques anecdotes sur ce bouquin pour plus d'informations.

Concernant l'écriture, j'ai lu beaucoup de critiques négatives à ce sujet. Étrangement, je n'ai rien à approcher, sauf peut-être une traduction houleuse qui transmet maladroitement l'humour de l'auteur (en même temps, de l'humour anglais traduit, ça ne sonne jamais mieux que dans la langue originelle. Un ange a dit un jour que c'était plus drôle en énochien et c'est vrai). Les métaphores sont nombreuses, subtiles, les descriptions sont imagées et le style est relativement fluide si on oublie la répétition du récit.
Donc bizarrement, rien à signaler de ce côté et c'est même l'écriture qui a sauvé un peu le roman à mes yeux.

Après, il faut reconnaître les nombreuses originalités du récit d'Andy Remic. Un truc tout con mais j'ai aimé que l'un des personnages principaux, Kell, soit vieux. Pas de jeune gringalet qui rêve de fortune alors qu'il a tout juste le droit d'entrer dans une taverne, pas de jeune princesse en quête d'un beau mâle. La gloire de Kell est derrière lui, il a des problèmes d'articulations et veut juste bouffer sa soupe pénard. Son caractère est classique mais je m'y suis attachée.
Quant aux autres personnages, je n’ai pas franchement été séduite : que ce soit Saark, Vashell, Kat, Nienna… Aucun ne m’a vraiment touché. Par chance, j’ai trouvé Anukis attachante également et son avenir pique ma curiosité.

Illustration signée Bagus Hutomo

Ensuite, les vampires, ces fameuses créatures dont le succès immortel laisse dubitatif le lecteur qui en a assez d'être assailli. C'est là qu'intervient le côté un peu steampunk dans cette œuvre à la base fantasy : les vampires, dits Vachines, sont des humains dont les organes et autres parties anatomiques ont été remplacés par des rouages, des engrenages et autre saloperie qui fait "clic-clic". Canines et griffes en cuivre, huile-de-sang pour faire travailler la machine intérieure, beauté et séduction mécaniques… Bref, une réécriture très, très sympathique mais qui reste trop mystérieuse même pour ce premier volet. Andy Remic greffe d’ailleurs autour de sa créature un background réfléchi avec une organisation spéciale, des idées fixées et une hiérarchie stricte quoique peu claire pour l’instant, j’espère donc lire plus d’informations par la suite.

Je me souviens d’avoir lu une critique qui surnommait Andy Remic "le Tarantino de la littérature" et ce n'est pas faux quoique Remic verse plus dans l'horreur au niveau des tortures et de la condition féminine, La Légende de Kell n’est pas à mettre entre toutes les mains et exigera du lecteur un cœur bien accroché.
Bien que j’ai pas mal de reproches, je lirai la suite car je suis suffisamment intriguée.

Les couvertures françaises de cette trilogie.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il y a une très chouette interview de l'auteur à la fin du livre intitulée 20 minutes dans la tête d'Andy Remic et disponible gratuitement sur le site d'Eclipse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire