samedi 21 janvier 2017

Correspondances de Stefan Zweig,

« Avez-vous encore le temps, l’envie de lire des lettres ?
J’espère que oui ! Avec les lettres, c'est un peu comme une courbe dans la vie, d’abord on les aime, on les oublie, et on les perd à cause de la plus grande force du mot imprimé, mais je crois qu’on y retourne toujours. »
Stefan Zweig        
Ce livre réunit la correspondance partagée avec les deux auteurs Arthur Schnitzler et Stefan Zweig, de 1907 à 1931.
Quatrième de couverture par Rivages.
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Je m’intéresse rarement aux correspondances et aux journaux intimes. Non par flemme mais parce qu’il s’agit de documents intimes que l’on doit lire avec soin et je me sens toujours un peu intruse dans ce genre de lecture. Ma motivation à lire cette Correspondance entre les deux auteurs autrichiens Stefan Zweig et Arthur Schnitzler vient du fait que le premier m’émeut par sa vie, et le second m’avait totalement conquise avec Mademoiselle Else et sa vie n’est pas plus enviable.
Que peuvent se dire deux hommes de talent et qui ont eu des parcours difficiles ? L’aîné, Schnitzler, a été accusé d’avoir provoqué le suicide de sa fille en écrivant Mademoiselle Else et meurt peu de temps après en 1931, tandis que Zweig, plus jeune, s’exile de l’Allemagne nazie et se suicide en 1942 avec sa seconde femme, expliquant "qu’il ne veut plus vivre dans ce monde qu’il ne reconnaît plus".

Grosso modo, les lettres se ressemblent et suivent un schéma assez comique d’un point de vue extérieur : Zweig en mode gros fanboy du travail de Schnitzler et Arthur à faire son timide avec des lettres très polies et soutenues.
Sur les dernières, par contre, les hommes laissent un peu le côté littéraire et parlent des années douloureuses en tant que germaniques : la montée du nazisme, la haine dirigée vers les juifs, les poussant à s’exiler (ce que fera Zweig), la guerre pressentie…
C’est dommage que le livre se contente de peu et représente plus une base à approfondir qu’un recueil d’informations. Il vaut mieux lire un peu leur biographie avant de s’intéresser à leurs échanges.


À lire la correspondance que les deux hommes échangèrent pendant plus de trente ans, on se dit que Zweig est vraiment le fils que Freud aurait aimé avoir : il apprécie en lui sa "modestie intérieure", tout en étant séduit par l’écrivain, si proche à bien des égards d’Arthur Schnitzler qu’il considérait comme son "frère jumeau".
À Zweig, Freud confie ce brevet de ressemblance : "Votre type est celui de l’observateur, de celui qui écoute et lutte de manière bienveillante et avec tendresse, afin d’avancer dans la compréhension de l’inquiétante immensité". De son côté, Zweig sera l’un des rares écrivains viennois, le seul peut-être à discerner d’emblée le génie de Freud, à le proclamer et à le situer dans la lignée de Proust , Joyce et Lawrence. "J’appartiens, lui écrit-il, à cette génération d’esprits qui n’est redevable presque à personne autant qu’à vous en matière de connaissance."
Quatrième de couverture par Rivages.
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Bien que j’adore Schnitzler, c’est cette correspondance entre le psychanalyste et l’auteur dit fin-psychologue que j’ai préférée : Freud s’épanche un peu plus et les analyses se complètent. Chez Freud, on sent un intérêt pour la littérature, le docteur était en vérité un lecteur invétéré et a toujours accordé beaucoup d’importance au travail des écrivains. Du côté de Zweig, on comprend aussi un vif intérêt pour cette science naissante qu’est la psychanalyse et demande conseil au Papa de la psychologie.

Les lettres sont plus intimes : Freud, souvent critiqué, parfois même insulté, comptait autant d’ennemis que d’amis et s’épanche beaucoup plus dans son style, un échange non pas seulement entre deux admirateurs réciproques mais aussi entre deux amis. On apprend quelques anecdotes, entre autres que Freud avait pensé que Zweig avait participé aux campagnes contre sa psychologie ou que Zweig s’était lié d’amitié avec la fille de Freud, Anna Freud, qui est une des premières pédopsychiatres.

Une lecture plus sympathique entre deux personnalités marquantes.

             Quelques anecdotes sur ces bouquins,
• Empruntés tous les deux à la bibliothèque, la correspondance échangée entre Zweig et Schnitzler est introuvable contrairement à celle entre Freud et Zweig. Les liens ci-dessous ne proposent que des redirections vers ce second livre.

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