vendredi 29 janvier 2016

Perceval ou le Conte du Graal, de Chrétien de Troyes,

Perceval vit à l’écart du monde, ignorant de tout, et même de son nom. Un jour dans la forêt, il croise, émerveillé, cinq chevaliers revêtus de leur armure et décide de rejoindre la cour du roi Arthur pour se faire à son tour armer chevalier. Ainsi débutent les aventures de Perceval qui affrontera cent ennemis, rencontrera l’amour et tentera de percer le mystère du Graal.
Comment un enfant rustre et naïf va-t-il devenir un parfait chevalier ? C’est toute l’histoire de ce roman d’apprentissage avant la lettre. Car Perceval ne parviendra au plein épanouissement de sa personnalité qu’à condition de connaître les codes en vigueur. Et même alors, il lui restera à s’en détacher pour accéder à une plus haute vérité.
Quatrième de couverture par GF Flammarion.
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J’adore Chrétien de Troyes et j’adore sa part d’œuvres dans les légendes arthuriennes. Mais même en sachant que Perceval ou le Conte du Graal est un roman inachevé, j’ai été plutôt déçue par cette lecture...

La Tentation de Sir Perceval (1894), par Arthur Hacker

Perceval ou le conte du Graal pourrait s’appeler tout aussi bien Perceval ou Gauvain, ou encore Gauvain ou la quête romantique : le livre n’est pas concentré uniquement sur le nouveau chevalier (ô combien hilarant) de Perceval mais aussi sur (le ô moins génial) Gauvain. Adorant Perceval, je me réjouissais des passages où ce chevalier apparaissait avec des événements surprenants, mais je ne portais pas du tout Gauvain, figure peu originale à côté car parfait cliché du chevalier en quête de gloire.
Il faut dire que la part de merveilleux dans ce roman est très importante : des enchantements, des légendes, des apparitions… Et même si les deux chevaliers rencontrent leur part de surprises, les événements de Perceval sont bien plus intéressants, j’irais même jusqu’à dire essentiels. Le côté de Perceval est plus axé sur la spiritualité et un mystère concret tandis que Gauvain affronte des manifestations où il pourra tirer gloire et renom dans chaque victoire.
Forcément, la trame de Perceval me bottait un peu plus…

Les deux chevaliers rencontrent bien sûr une foule de personnages et j’ai eu un coup de cœur pour l’Orgueilleuse de Logres, une figure féminine assez inhabituelle dans les romans de Troyes, pleine de rancœur et de méchanceté. Ce qui donne parfois des situations comiques qui se retournent contre Gauvain...

Le Gauvain de Chrétien de Troyes et celui de Kaamelott n’ont rien à voir, en revanche, 
si une distinction est à faire entre les deux Perceval, on sent l’inspiration d’Alexandre Astier !

D’ailleurs, c’est indéniable, c’est bien du Chrétien de Troyes : ce ton un peu ironique et fluide est similaire à ses autres œuvres et l’auteur n’a pas peur de se moquer de ses personnages. Malgré le contexte historique, la narration est relativement accessible, d’autant plus que la traduction de Jean Dufournet est très correcte.
Être spécialiste de littérature médiévale doit rendre le texte encore plus savoureux !

Ce n’est pas un mauvais livre, mais Chrétien de Troyes a nettement fait mieux dans d’autres ouvrages… Peut-être si l’œuvre n’avait pas été inachevée, j’aurais eu un ressenti inverse mais ce n’est pas celui que je conseille.

Cette chronique rajoute une participation au Challenge des Légendes Arthuriennes organisée par Auudrey :


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il s’agit du dernier roman de Chrétien de Troyes et bien qu’il soit inachevé, plusieurs suites ont été écrites dès le XIIème siècle. On ignorera quelles étaient les intentions de Chrétien de Troyes mais peut-être que certaines versions pourront combler ce manque.
• L’édition Gallimard propose une version bilingue (à gauche) : la page de gauche est en ancien français et la page de droite en française moderne, certaines comparaisons sont très sympathiques à faire. L’autre édition (à droite) ne propose que la traduction en français moderne.



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