samedi 19 juillet 2014

Je ne suis pas coupable, d'Agatha Christie,

Cette petite Mary est une perle ! Un vrai rayon de soleil pour la pauvre Mrs Welman, clouée au lit par la maladie. Mais Mary ne serait-elle qu’une intrigante ?
C’est-ce que commence à penser la famille de la vieille dame. Et ils n’ont aucune envie de voir leur héritage leur passer sous le nez…
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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Il y a exactement 365 jours, jour pour jour, j’ai parlé de Je ne suis pas coupable pour le rendez-vous Dans ma PAL. Depuis j’ai découvert Agatha Christie et son détective bien connu et je n’avais aucune raison de repousser ma lecture plus longtemps.
Mon ressenti final est que, si ce n'est pas la meilleure enquête menée par Hercule Poirot, Agatha Christie nous offre quand même avec ce tome un mystère satisfaisant, des personnages sympathiques et des réflexions intéressantes.
Une enquête du détective belge assez inhabituelle qui tient presque du bonus.

Pour ceux qui sont en pleine lecture de Je ne suis pas Coupable
n’allez pas plus loin et contentez-vous de ce plan !

Que je m’explique : si j’ai tendance à voir Je ne suis pas coupable comme un tome bonus de la série Hercule Poirot, c’est justement parce que le dit-Poirot apparaît très peu dans cette enquête. Certes c’est celui qui démêle les ficelles et expose la vérité au grand jour, mais nous suivons l’histoire du point de vue d’Elinor Carlisle. L’absence de Poirot ne m’a toutefois pas dérangé car j’ai beaucoup aimé le personnage d’Elinor : imparfaite, un peu manipulatrice, hautaine mais aussi généreuse, amoureuse et naïve. Les drames de Je ne suis pas coupable lui tombent sur le crâne, la laissant abasourdie et faisant d’elle la criminelle parfaite, le bouc-émissaire du procès. J’ai donc adoré découvrir la mésaventure de cette femme énigmatique et son sort ne m’a pas laissé insensible.
D’autres personnages viennent aussi compléter le tableau, comme la très vive infirmière O’Brian et sa compère Hopkins, la touchante Laura Welman dit Tante Laura, le sympathique Dr. Lord et j’en passe…

La Belle Rosemonde (1912), par Waterhouse, illustrant l’opéra italien Rosmonda d'Inghilterra
Une tragédie citée dans Je ne suis pas coupable.

En fait, là où l’absence de Poirot m’a franchement gêné, c’est que j’ai eu l’impression qu’Agatha Christie en a profité pour s’accorder quelques facilités pour la résolution de l’énigme. Aux yeux de certains personnages, Hercule Poirot est un magicien qui fait sortir les preuves de sa manche. Ici, Hercule Poirot semble faire véritablement sortir ses preuves de sa manche : [spoiler] certes il a un « ami cambrioleur » qui lui a déniché ce dont il avait besoin pour monté une nouvelle théorie sur le crime de Mary Gerrard, mais enfin, on a l’impression que ça lui tombe tout cru dans la bouche ! [/fin du spoiler] C’est la facilité qui m’a le plus marqué, et comme le lecteur laisse Poirot résoudre ses mystères dans l’ombre, on voit les conclusions arriver sans suivre son raisonnement comme on peut le faire dans Mort sur le Nil ou La Mystérieuse Affaire de Styles par exemple.
Pas de questions-réponses avec le lecteur pour cette fois.

Quatre couvertures dont une anglaise.

Bien qu’intéressante, l’énigme manque un peu de cachet, Christie nous a donné du plus spectaculaire. Mais le véritable intérêt dans cette enquête, ce sont les répercussions sur les relations humaines et surtout, le côté philosophique de la conclusion, de l’innocence. J’ai aimé cette réflexion offerte par l’auteure sur la différence qu’il y a entre la volonté de tuer et l’action de tuer, sur les différences entre les amours passionnels et les amours tendres [spoiler] cet argument de Poirot pour Lord quand il lui dit « [Elinor] aimait Roderick Welman. Et alors ? Avec vous, elle sera heureuse… » P. 223 [/fin du spoiler].
Bref, un tome très touchant et c’est dommage que Poirot ne soit pas plus impliqué dans ce tourbillon d’humanité, réservant encore et toujours bien des mystères sur sa personne !

Je ne suis pas coupable est donc un bon tome, mais un tome plutôt réservé aux assidus de la série, les néophytes pourraient être déçus de la qualité policière de ce tome alors que les fans de Christie seront certainement charmés par la dimension sociale de ce livre.

Les éditions Le Livre de Poche volent une fois encore à mon secours pour le Challenge des 170 Idées car grâce à cette couverture, je peux rattacher Je ne suis pas Coupable à l’idée n° 4 :
http://lectures-de-vampire-aigri.blogspot.fr/2013/11/challenge-04-le-challenge-de-170-idees.html

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• À la page 95, Dr. Lord mentionne l’affaire Benedict Farley avec un certain Stillingfleet dans l’affaire : il s’agit de la nouvelle Le Rêve qui apparaît dans le recueil Christmas Pudding et publié pour la première fois en 1937. On peut retrouver le Dr. Stillingfleet dans La Troisième Fille également.
• Le titre original, Sad Cypress, est tiré d’un vers dans La Nuit des Rois de Shakespeare. Agatha Christie laisse le passage entier au début de son livre et Le Livre de Poche propose une traduction : « Va, va, ô mort, Et sous ces tristes cyprès laisse-moi me reposer. », ou en anglais : « Come away, come away, death, And in sad cypress let me be laid. »

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