mardi 31 janvier 2017

Layers of Fear,

Layers of Fear est un jeu d’horreur psychédélique à la première personne qui se concentre surtout sur l’histoire et l’exploration. Le joueur y incarne un peintre qui tente à tout prix de finir son Magnum Opus. Pour y parvenir, le joueur devra traverser à la fois une demeure victorienne instable et les visions fantomatiques qui torturent la psychologie fragile du peintre.
Résumé par Steam, traduit par le Vampire aigri.
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J’attendais ce jeu comme si je savais qu’il s’agirait d’une œuvre d’art confirmée, tout en me préservant des screens, des bandes annonces, des tests… Finalement, si la Bloober Team n’a pas atteint son Magnum Opus, elle le frôle de peu !

Lorsque l’on visite un musée, on a parfois la réaction bête mais justifiée de s’exclamer « c’est beau ! » devant chaque tableau ou sculpture, voire pour la pièce-même. C’est un peu ce qui se passait pour Layers of Fear et moi : certes j’avais des assiettes qui volaient dans tous les sens et des tableaux qui se mettaient à brûler, mais ça ne m’empêchait pas de dire « qu’est-ce que ce jeu est beau ! » : ce jeu est vraiment beau pour les gens sensibles aux demeures victoriennes, à la peinture du XIXème, aux nuits d’orage et aux morceaux composés sur un piano.
D’autant plus surprenant qu’il s’agit d’un jeu indépendant et que son graphisme se veut réaliste : aucun visage n’est clairement perçu (à part sur les tableaux) et on passe son temps à traverser des pièces, mais le jeu de lumière, de couleurs et l’atmosphère n’a pas besoin de plus pour convaincre.


Le gameplay un peu limité empêche de voir plus : avancer et ouvrir des portes ou activer des objets sont les seules actions disponibles. Aucun combat, aucune énigme digne de ce nom, vous explorez comme un Indiana Jones niveau 1 : le jeu surveille nos actions pour concocter la conclusion de notre gameplay, mais les actions ressortent si peu que, pour ma part, je n’étais pas sûre si une action était bien une action et j’ai été voir sur internet à la fin.
(finalement, j’ai eu une fin satisfaisante alors que je n’étais pas sûre du tout de ce que j’allais avoir !)
La conclusion manque de clarifications et il faudra comprendre par soi-même de quoi il en retourne, mais si vous vous souvenez du Portrait de Dorian Gray, de certaines histoires sur la folie et de fantômes, vous pourrez faire votre propre hypothèse.
Davantage d’indices et d’actions moins neutres auraient amélioré l’expérience.


Ceci dit, ce peu ne m’a pas empêché de m’impliquer dans le jeu et l’émotion était au rendez-vous, avec une petite dose de frayeur bien sûr ! Ceci dit, je m’attendais à pire, mais si vous êtes sensible aux poupées de porcelaine flippantes, vous aurez nettement plus peur que moi (malheureusement, je ne suis pas pédiophobe). J’étais quand même surprise par quelques jump scare et l’ambiance.
De plus, il y a des scènes auxquelles je ne m’attendais pas, avec d’autres trop évidentes : au bout de trente minutes de jeu, on commence à surveiller tous les tableaux.

Malgré un gameplay franchement limité, Layers of Fear reste quand même un très bon jeu : une histoire émouvante à découvrir, une musique efficace bien que discrète qui complète un graphisme très soigné… Il ne m’empêchait pas de dormir et j’y rejouerai certainement car j’ai validé une fin sur trois en plus d’avoir oublié des documents.
Un jeu que je conseille aux amateurs d’art (il n’y a aucune référence claire mais la multitude de tableaux plaira) et aux amoureux de fantômes et manoirs hantés.

[l’image au centre : un problème qui me connaît...]

             Quelques anecdotes sur ce jeu,
• Le jeu a parodié certains célèbres tableaux. J’ai pour ma part débloqué sur mon compte Steam le détournement du portrait de La Dame à l’hermine de de Vinci :

jeudi 26 janvier 2017

Le Retour du Roi, de J. R. R. Tolkien,

Tandis que le continent se couvre de ténèbres, annonçant pour le peuple des Hobbits l’aube d'une nouvelle ère, Frodon poursuit son entreprise : il lui faut à tout prix atteindre le Mont du Destin.
Mais le Seigneur des Ténèbres mobilise ses troupes. L’ennemi est partout et Frodon doit s’engager dans un dangereux périple à travers le Pays Noir...
Les derniers combats de la guerre de l’Anneau s’achèvent dans un fracas d’apocalypse.
Quatrième de couverture par Pocket.
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« – […] Mithrandir ! cria Ingold. Mais vous arrivez avec des nouvelles de malheur et de danger, selon votre coutume, et à ce que l’on dit.
– Parce que je ne viens guère que lorsque mon aide est nécessaire, répondit Gandalf. »
P. 21

Avec ce troisième tome (que je considère comme étant le quatrième, en fait), j’achève la lecture de cette importante saga de Fantasy. Et même si je n’ai pas été transportée comme je l’avais voulu, je dois avouer que je clos cette aventure avec un petit pincement au cœur.
On retrouve donc la compagnie de l’anneau dispersée, divisée et occupée à mener à bien les projets. Si certains lecteurs se plaignaient du côté champêtre du premier tome, ce tome-là exaucera leur vœu : l’action est bien présente et les batailles s’enchaînent, les armées défilent et, bien entendu, des têtes tombent dans les camps.
Pas le temps de niaiser ici et les pages n’ont jamais tourné aussi vite : aucune trame souffre d’un temps mort et une fois attachée aux personnages (je voue désormais un culte à Eowyn), cette dernière partie de cette épopée est entraînante.

Si La Communauté de l’Anneau adoptait un ton similaire aux légendes celtes plutôt « douces », ici, on sent clairement l’inspiration des sagas nordiques : Le Retour du Roi verse dans un registre plus épique et promet une conclusion scintillante, portée par une plume toujours aussi agréable, bien qu’un peu vieillie.
Mais ce qui me marque le plus dans ce roman finalement, ce n’est pas ces batailles et ces héros de guerre : c’est la seconde conclusion qui est vraiment poignante. Il est toujours difficile de fermer un livre, même quand ce n’est pas un coup de cœur, mais Le Retour du Roi est certainement un des plus durs à reposer : le ton final est mélancolique et Sam, certainement mon préféré de tous, est dans une situation bien triste…
J. R. R. Tolkien sait dire au revoir, c’est indéniable, et même si je n’ai pas été tout à fait conquise par son univers aperçu à travers la communauté de l’anneau, je lirai les ouvrages complémentaires.

            Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Je ne comptais pas en faire mention dans ma chronique, mais vu la popularité de la saga, une petite mise-en-garde s’impose : il y a pas mal de fautes de frappe et de syntaxe dans l’édition Pocket, donc ceux qui veulent absolument une belle édition digne de leur amour pour Tolkien, celle-ci est à éviter...
• J’ai voulu faire comme pour la chronique du second tome et partager les musiques composées par Tolkien Ensemble, un groupe danois qui a donné l’air à tous les vers de Tolkien, mais puisqu’ils n’ont pas de chaîne officielle sur Youtube, la plupart des musiques sont supprimées en raison de droits d’auteurs…

mercredi 25 janvier 2017

Casanova et la femme sans visage, d'Olivier Barde-Cabuçon,

Après avoir sauvé Louis XV de la mort lors de l’attentat de Damiens, et malgré son peu de goût pour la monarchie, le jeune Volnay obtient du roi la charge de « commissaire aux morts étranges » dans la police parisienne. Aidé d’un moine aussi savant qu’hérétique et d’une pie qui parle, Volnay apparaît comme le précurseur de la police scientifique, appelé à élucider les meurtres les plus horribles ou les plus inexpliqués de son époque. Épris de justice, c’est aussi un homme au passé chargé de mystère, en révolte contre la société et son monarque qu’il hait profondément.
Lorsque, en 1759, le cadavre d’une femme sans visage est retrouvé dans Paris, Volnay doit conduire une enquête sur le fil du rasoir avant que le meurtrier ne frappe de nouveau. Mais entre des alliés aussi incertains que le libertin Casanova et des adversaires redoutables, à qui le commissaire aux morts étranges peut-il se fier ?
Quatrième de couverture par Babel, Babel Noir.
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« – Et à qui accordez-vous donc votre confiance ? s’amusa-t-elle à lui demander.
– À personne, madame, en dehors de mon collaborateur et de ma pie. C’est un bel oiseau et qui sait parler en français comme en latin. Il vous ravirait.
Elle le considéra avec surprise puis haussa négligemment les épaules.
Les livres, un oiseau savant, un moine hérétique qu’on a failli brûler et des cadavres. Voilà donc tout son monde ? »
P. 225

Les couvertures de Babel possèdent toujours un charme auquel je suis sensible, de plus, j’ai aperçu cette série sur Cellardoor. J’avais besoin d’une critique positive d’un blog que je suis, car belles couvertures ne riment pas toujours avec perle littéraire (Le Diable danse à Bleeding Heart Square reste un de mes exemples personnels) et je me suis donc lancée dans la première aventure de ce Commissaire aux Morts Étranges !

Déjà, si je suis une mordue du XIXème siècle et du Moyen-âge, je suis bien moins à l’aise avec le XVIIème et XVIIIème siècle (en plus d’avoir une petite appréhension pour les Lumières depuis le collège mais que je soigne avec du recul). Ces deux siècles fortement connectés dont on retient les capes, les épées et les perruques poudrées ont bien plus à offrir que des mouches aux coins des lèvres et des français qui empestent le parfum (cliché étranger oblige). Et j’ai été ravie de voir qu’Olivier Barde-Cabuçon dresse ce décor très riche autour de son enquête macabre, car si Versailles brillait même après la mort de Louis XIV, les malheurs étaient aussi nombreux que les mystères et l’histoire de la criminologie compte des affaires sordides à cette époque.


J’avais évité de lire des critiques trop en détails pour garder le plus de mystères, mais ironiquement, je m’étais construit une autre image de ce qu’est cette série du Commissaire aux Morts Étranges : j’imaginais plus un thriller, j’imaginais plus de surnaturel, j’imaginais plus de gore. Finalement, cette première enquête reste assez rationnelle et fréquente les cercles de l’alchimie, mais elle est bien plus terre-à-terre que les romans de Sire Cédric, par exemple. Une fausse idée ancrée qui a provoqué des attentes déçues, je saurai pour mes prochaines lectures puisque j’ai la suite en poche. (dans les deux sens, jeu de mots, hin hin)
Quant aux côtés gore, malgré le titre, Casanova et la Femme sans Visage devrait être à la portée de tout le monde à moins de posséder vraiment une âme sensible : Barde-Cabuçon n’en fait pas trop et évite de s’adonner dans le violent le plus vulgaire.
Le livre n’empêche pas de dormir : on s’intéresse bien aux crimes et non pas au sang que les victimes laissent.

Casanova et la Femme sans Visage est sans conteste un roman policier donc, et un bon : l’enquête piétine pour avancer avec tous ses nœuds d’énigmes tant elle est fournie. Plus que des meurtres, il y a des complots, des espions, des secrets à dévoiler, des suspects… On fait marcher nos méninges aux côtés de Volnay. Et bien sûr, tous ces ingrédients sont accordés au contexte historique : l’auteur extrait tout le potentiel de 1759 et offre une enquête délicieuse sur un plateau style Louis XV.

Quant au style de la plume, Barde-Cabuçon n’en est pas à son premier roman mais j’ai noté quelques lourdeurs. Pas tant au niveau de la narration, mais il y a de nombreux chapitres et ils sont ouverts par une citation, citation qui est insérée dans le chapitre concerné : qu’elle soit greffée comme ça aux dialogues (surtout que la plupart sont dites par le vrai Casanova et donc transposées chez le Casanova fictif), il y avait une impression forcée et certaines répliques n’étaient pas nécessaires, créant une lourdeur alors que les mentionner au début du chapitre aurait suffi.
Après, n’étant pas fan des hommes à femmes, Casanova ne m’a pas charmée plus que ça, lui préférant cent fois le Commissaire Volnay : à la fois jeune et vieux dans son tempérament calme mais rongé par des sentiments purement humains dont il ne sait que faire, le commissaire est quelqu’un de très intéressant et on découvre son histoire au fur et à mesure.
Ceci dit, la palme d’or du personnage préféré est définitivement décernée au moine hérétique. Et Dieu sait que j’ai un faible pour les membres du clergé hérétiques.

Un bon policier qui s’installe parfaitement dans le contexte historique choisi et qui trempe dans les sciences occultes, faisant la part pour plaire aux lecteurs attirés par le rationnel ou le surnaturel. Je n’ai pas eu un coup de cœur marquant en raison d’un milieu un peu longuet (par contre, la fin a été lue presque d’une traite), mais je suis contente d’avoir la suite et je la lirai en sachant à quoi m’attendre désormais.

Avec la couverture et pour faire écho au titre, je valide l’idée 57 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• J’ai été déçue de ne voir aucune note en bas de page, mais l’attentat mentionné a bel et bien eu lieu : si je n’ai pas eu d’informations dans Casanova et la Femme sans visage, j’ai découvert cet événement (après ma lecture) en lisant une biographie de Voltaire et je partage l’anecdote car je ne pense pas que ce fait soit bien connu. Robert-François Damiens a projeté un attentat contre le roi Louis XV (déjà très impopulaire, le roman de Barde-Cabuçon le fait bien comprendre) le 5 janvier 1757 qui a échoué, bien que le roi fût blessé. Mais ce n’est pas tant l’attentat qui a choqué mais l’exécution de Damiens, car il a été le dernier condamné à mourir par l’écartèlement en France, supplice qui n’avait pas été appliqué depuis plusieurs années. Forcément, les gens ont montré leur désapprobation, notamment Voltaire et d’autres philosophes.
[ci-contre, son portrait lors de son jugement, il fallait lui donner un air très méchant visiblement...]



samedi 21 janvier 2017

Correspondances de Stefan Zweig,

« Avez-vous encore le temps, l’envie de lire des lettres ?
J’espère que oui ! Avec les lettres, c'est un peu comme une courbe dans la vie, d’abord on les aime, on les oublie, et on les perd à cause de la plus grande force du mot imprimé, mais je crois qu’on y retourne toujours. »
Stefan Zweig        
Ce livre réunit la correspondance partagée avec les deux auteurs Arthur Schnitzler et Stefan Zweig, de 1907 à 1931.
Quatrième de couverture par Rivages.
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Je m’intéresse rarement aux correspondances et aux journaux intimes. Non par flemme mais parce qu’il s’agit de documents intimes que l’on doit lire avec soin et je me sens toujours un peu intruse dans ce genre de lecture. Ma motivation à lire cette Correspondance entre les deux auteurs autrichiens Stefan Zweig et Arthur Schnitzler vient du fait que le premier m’émeut par sa vie, et le second m’avait totalement conquise avec Mademoiselle Else et sa vie n’est pas plus enviable.
Que peuvent se dire deux hommes de talent et qui ont eu des parcours difficiles ? L’aîné, Schnitzler, a été accusé d’avoir provoqué le suicide de sa fille en écrivant Mademoiselle Else et meurt peu de temps après en 1931, tandis que Zweig, plus jeune, s’exile de l’Allemagne nazie et se suicide en 1942 avec sa seconde femme, expliquant "qu’il ne veut plus vivre dans ce monde qu’il ne reconnaît plus".

Grosso modo, les lettres se ressemblent et suivent un schéma assez comique d’un point de vue extérieur : Zweig en mode gros fanboy du travail de Schnitzler et Arthur à faire son timide avec des lettres très polies et soutenues.
Sur les dernières, par contre, les hommes laissent un peu le côté littéraire et parlent des années douloureuses en tant que germaniques : la montée du nazisme, la haine dirigée vers les juifs, les poussant à s’exiler (ce que fera Zweig), la guerre pressentie…
C’est dommage que le livre se contente de peu et représente plus une base à approfondir qu’un recueil d’informations. Il vaut mieux lire un peu leur biographie avant de s’intéresser à leurs échanges.


À lire la correspondance que les deux hommes échangèrent pendant plus de trente ans, on se dit que Zweig est vraiment le fils que Freud aurait aimé avoir : il apprécie en lui sa "modestie intérieure", tout en étant séduit par l’écrivain, si proche à bien des égards d’Arthur Schnitzler qu’il considérait comme son "frère jumeau".
À Zweig, Freud confie ce brevet de ressemblance : "Votre type est celui de l’observateur, de celui qui écoute et lutte de manière bienveillante et avec tendresse, afin d’avancer dans la compréhension de l’inquiétante immensité". De son côté, Zweig sera l’un des rares écrivains viennois, le seul peut-être à discerner d’emblée le génie de Freud, à le proclamer et à le situer dans la lignée de Proust , Joyce et Lawrence. "J’appartiens, lui écrit-il, à cette génération d’esprits qui n’est redevable presque à personne autant qu’à vous en matière de connaissance."
Quatrième de couverture par Rivages.
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Bien que j’adore Schnitzler, c’est cette correspondance entre le psychanalyste et l’auteur dit fin-psychologue que j’ai préférée : Freud s’épanche un peu plus et les analyses se complètent. Chez Freud, on sent un intérêt pour la littérature, le docteur était en vérité un lecteur invétéré et a toujours accordé beaucoup d’importance au travail des écrivains. Du côté de Zweig, on comprend aussi un vif intérêt pour cette science naissante qu’est la psychanalyse et demande conseil au Papa de la psychologie.

Les lettres sont plus intimes : Freud, souvent critiqué, parfois même insulté, comptait autant d’ennemis que d’amis et s’épanche beaucoup plus dans son style, un échange non pas seulement entre deux admirateurs réciproques mais aussi entre deux amis. On apprend quelques anecdotes, entre autres que Freud avait pensé que Zweig avait participé aux campagnes contre sa psychologie ou que Zweig s’était lié d’amitié avec la fille de Freud, Anna Freud, qui est une des premières pédopsychiatres.

Une lecture plus sympathique entre deux personnalités marquantes.

             Quelques anecdotes sur ces bouquins,
• Empruntés tous les deux à la bibliothèque, la correspondance échangée entre Zweig et Schnitzler est introuvable contrairement à celle entre Freud et Zweig. Les liens ci-dessous ne proposent que des redirections vers ce second livre.

mardi 10 janvier 2017

Mortimer, de Terry Pratchett,

Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant comme une truie qu’on égorge Et non. Même les oiseaux n’y croient pas.
« Il a du cœur », fait son père adossé contre un muret.
« Dame, c’est le reste qui lui manque », répond l’oncle Hamesh.
Mais à la foire à l’embauche, la Mort le remarque et l’emporte sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle  décidé de faire la vie ; avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui laisserait des loisirs.
Un grand destin attend donc Mortimer. Mais… est-ce bien raisonnable ?
Quatrième de couverture par Pocket (Fantasy).
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« – Qu’est-ce qui lui est arrivé ? demanda l’apprenti.
– LUI SEUL LE SAIT, répondit la Mort. VIENS.
– Ma mémé dit que mourir, c’est comme s’endormir, ajouta le jeune homme, un soupçon d’espoir dans la voix.
– COMMENT VEUX-TU QUE JE SACHE ? JE NE CONNAIS NI L’UN NI L’AUTRE. »
P. 65


Certainement un des tomes les plus aimés de la saga des Annales du Disque-monde, Mortimer semble être un indétrônable classique du regretté Terry Pratchett. Ce n’est d’ailleurs pas anodin, ce tome est souvent jugé comme le meilleur car il y figure le personnage préféré d’une majorité de lecteurs : La Mort (en personne, rien que ça).
J’avoue qu’à la base, si je voulais les lire plus ou moins dans l’ordre, j’ai fait l’impasse sur le troisième tome, La Huitième Fille, pour me plonger dans ce succès de la Fantasy humoristique. Et comme beaucoup de congénères, j’en ressors totalement conquise !

Beaucoup moins loufoque que les aventures de Rincevent et Deuxfleurs dans La Huitième Couleur et Le Huitième Sortilège, on ne peut pas dire que Mortimer est un roman sérieux sur la forme : la Mort souhaite prendre des vacances et engage quelqu’un pour la remplacer. La situation est incongrue et ressemble au début d’une bonne blague.
Ceci dit, pour ceux qui se prêtent au jeu et lisent entre les lignes, Mortimer ne ressemblera pas à un livre humoristique. Plein de philosophie et de réflexions, ce quatrième tome traite d’un sujet difficile tout en sachant rester léger, avec un défi relevé avec brio : rendre la Mort sympathique.

La Mort et la passion des chats.

Ce ne serait pas un roman de Fantasy digne de ce nom sans un peu d’action et de magie : Terry Pratchett ne sert pas uniquement un concentré de pensées sur la mort bien que certains passages poussent vers des divagations. On voyage dans ce Disque-Monde avec sa logique bien personnelle et aux côtés de l’apprenti Morty, on croise des rois, des princesses, des mages au talent douteux… sans oublier Bigadin, le fidèle destrier de la Faucheuse.
Le lecteur s’en doute : les mortels ne peuvent pas vraiment endosser la tunique mortuaire sans risques et une étrange expérience attend Morty avec des retournements de situation. Certains sont un peu faciles mais j’attendais quand même le dénouement avec impatience, curieuse de la connaître la conclusion.
Aucun secret pour mon investissement émotionnel : si je me suis intéressée à l’histoire, c’est bien parce que je me suis attachée aux personnages. Si je comprends le succès de la Mort, j’ai beaucoup aimé la tranquillité et le côté naïf de Morty, mais aussi des présences d’Ysabell, d’Albert et du curieux Coupefin. On recroise deux ou trois personnages des tomes précédents mais la nouveauté est bien au rendez-vous.

Après des erreurs à réparer et des périples, des sujets qui touchent au deuil, au temps et à la mort, le roman laisse curieusement un sentiment de bien-être : je suis vraiment sortie de cette lecture avec un grand sourire aux lèvres, relaxée et j’espère bien pouvoir recroiser Morty et sa compagnie dans les autres romans du Disque-Monde.
Une très belle lecture qui fait sourire, qui intéresse avec son aventure et rend la Mort incroyablement sympathique. Désormais, je comprends mieux pourquoi Terry Pratchett, concernant sa santé, disait qu’il n’était pas inquiet concernant sa fin et j’admire cet état d’esprit.

« La Mort eut un grand sourire. « J’APPLAUDIS À TES EFFORTS, dit-il, MAIS ÇA NE SERT À RIEN. ÉCARTE-TOI.
– Non.
– IL FAUT QUE TU COMPRENNES : MÊME L’AMOUR N’EST PAS UNE PROTECTION CONTRE MOI. » »
P. 310

Pour finir sur une note personnelle, j’ai perdu un membre de ma famille en septembre, quelqu’un que j’aimais énormément et Mortimer a ajouté du positif dans ce deuil, je pensais à elle durant ma lecture et j’espère que la Mort l’a accueillie dignement (autrement, avec son caractère, il se serait pris une gueulante sévère).

Et qu’il a accueilli comme il faut cet auteur également, bien sûr.

Avec la couverture, je peux rattacher cette chronique à l’idée 23 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Fun fact : j’étais persuadée que j’avais écrit cette chronique, en fait non. D’où le retard. (« fun » est à prendre avec des pincettes, si vous n’avez pas ri, tant pis pour vous, hein)
Vrai fun fact : sur l’illustration de Simonetti, Ysabell est beaucoup moins ronde comme on peut le voir ci-contre (le personnage au centre, derrière Morty et ses chatons-fantômes dans la poche ♥).








vendredi 6 janvier 2017

Witcher 3 : Hearts of Stone,

Incarnez Geralt de Riv, un tueur de monstres professionnel, engagé pour éliminer le chef impitoyable d’une bande de brigands, Olgierd von Everc, un homme doté du pouvoir de vivre éternellement. Cette extension de "The Witcher 3: Wild Hunt" offre plus de 10 heures d’aventures inédites introduisant de nouveaux personnages, des monstres redoutables, une romance unique et un tout nouvel arc narratif influencé par vos choix.
Résumé par Steam.
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Exceptionnellement pour le jeu de Witcher 3, je chroniquerai les DLC avant de m’occuper du jeu de base : il est donc primordial d’acheter Witcher 3 : Wild Hunt et non le DLC Hearts of Stone d’abord si vous voulez y jouer. Il s’agit d’une aventure bonus ajoutée après la sortie du jeu.
La chronique de Witcher 3, le jeu de base, n’est pas prête pour la simple et bonne raison que je n’ai pas fini la trame principale avec Ciri : il me manque le dernier chapitre et croyez-moi, je vais faire durer ce jeu !
Mais pour ceux qui découvrent l’univers du Sorceleur, ma chronique ne rimera à rien, donc je vous renvoie vers le premier tome et sa suite, et le premier et second jeu pour en savoir davantage.


Je ne peux cependant pas commencer à partager mon avis sur ce DLC sans accorder quelques mots au jeu de base : très attendu (même par moi alors que je n’avais même pas commencé le 2), Witcher 3 était plein de promesses. Un graphisme très (trop pour certains ordis) étoffé, un openworld riche, un lore fourni (et qui complète celui de l’auteur dans ses romans) et surtout, une histoire émouvante.
Très attachée à la famille que forment le sorceleur Geralt, la sorcière Yennefer et la princesse orpheline Ciri, j’ai été déçue par les premiers jeux où les "deux femmes de la vie de Geralt" sont complètement éclipsées, mais la fin du second jeu fait que le sorceleur retrouve la mémoire et il n’a plus qu’un objectif pour le troisième et dernier jeu : trouver sa femme au parfum de lilas et sa fille aux cheveux cendrés.
Au fil des romans, le trio se retrouve, se sépare à cause des coups du destin et ils ont du mal à rester ensemble malgré l’amour qui les lie, isolés à cause de leurs ennemis : lectrice impuissante durant la lecture, j’étais ravie que CD Projekt invite le joueur à aider Geralt et ses deux amours, permettant de prendre part et latter les fesses de ceux qui tentent de les séparer.
Si j’étais marseillaise, je dirais que ces trois-là sont mes p’tits poulaings.


Je dois dire que jusqu’à maintenant, le jeu tient ses promesses : à part quelques défauts de gameplay, la perfection est frôlée et on enchaîne brillamment les moments comiques ou au contraire émouvants, parfois les deux en même temps.
Comme un gros roman que je veux faire durer, j’ai commencé ce jeu en Juillet et j’espère ne pas le finir avant le printemps : ce sera les grosses larmes en chœur avec les giboulées d’Avril.


Quoiqu’il en soit, j’en connais assez pour pouvoir aborder le DLC par rapport à l’ensemble du jeu. Déjà, j’applaudis le fait que Hearts of Stone ne se résume pas à une seule quête : vous avez des quêtes secondaires qui n’ont que très peu de rapport avec l’histoire qui réunit Olgierd von Everec, Gaunter de Meuré et Iris.
Premier bon point de ce background : Ophiri. On connaissait les contrées Zerricanes dans Les Limites du Possible (première nouvelle de L’Épée de la Providence), lieux exotiques où le soleil règne. Visiblement, une autre terre ensoleillée existe appelée Ophiri, l’équivalent du Maghreb dans notre monde. Une ethnie découverte implique de nouveaux personnages, des objets exclusifs, des vêtements adéquats…
Ne vous emballez pas : Geralt ne pose pas le moindre orteil en Ophiri, mais on accumule les atouts pour pouvoir y aller. Une panoplie de luxe et chatoyante qui fait plaisir.


Mais la quête principale est nettement moins colorée : elle fait d’ailleurs plutôt penser à un vieux roman gothique du XIXème avec un manoir funèbre, une histoire d’amour qui tente de survivre à la mort, des énigmes et des tentations que le Diable en personne pourrait proposer…
Toutefois, on ne se heurte pas à la moindre forme de manichéisme. Je dois quand même avouer que je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages comme je l’avais imaginé : Iris est bien sûr d’un charme certain et peut émouvoir par son histoire digne d’un roman des sœurs Brontë, j’ai adoré Gaunter de Meuré qui est à la fois terrifiant, horrible avec toutefois une part de gentillesse très mystérieuse (ses bons conseils et un passage que je n’ai pas eu avec ma fin où il conseille Geralt à propos de Ciri, des conseils avec beaucoup de tendresse (attention aux spoils dans le reste de la vidéo en anglais, restez où j’ai placé la lecture)). Olgierd von Everec, ah là là, Olgierd von Everec, c’est plus compliqué : le personnage est intéressant mais je m’attendais à mieux : je l’ai bien aimé mais enfin, quelques claques n’auraient pas fait de mal.
À Geralt (donc à vous) de démêler qui a besoin d’aide et quel parti prendre. Quand je vois sur Youtube les "bonnes" et les "mauvaises" fins, je suis difficilement d’accord : Hearts of Stone n’est pas une aventure manichéenne et il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, uniquement des parcours aux motivations personnelles.
Par contre, j’ai été ravie de retrouver Shani qui me plaît toujours autant ! Aucun doute que je prends entièrement son parti.


Ce DLC reste une bien jolie histoire avec des boss intéressants qui ne se combattent pas qu’avec des moulinets d’épées, tous les combats importants demandent une part de réflexion, de nouvelles musiques, des objets à ajouter dans les collections... Ce DLC est extrêmement complet et les choix ne sont pas anodins même si je regrette que beaucoup de conclusions soient similaires (la conclusion du cambriolage est assez décevante quand on voit toutes les possibilités et qu’elles ne changent pas grand-chose en fait).
Un DLC convaincant mais qui n’a pas réussi à me charmer comme le jeu en lui-même. Je verrai si Blood and Wine propose une extension plus envoûtante. Même si je doute qu’elle me tire autant de larmes que la quête principale du jeu de base.

Mais enfin, n’oublions pas le principal de Witcher 3 et nos priorités :
Best scene ever.


             Quelques anecdotes sur ce jeu,
• Pour ceux qui commencent la saga Witcher avec ce jeu (vous avez fait une grosse bêtise, au passage), Shani est un personnage important du premier jeu : amnésique, Geralt peut entamer une relation avec cette femme médecin ou la sorcière Triss. C’est la première fois qu’on la revoit depuis le premier jeu.
Petit risque de spoil ! Je ne sais pas comment le nom de Gaunter de Merée (Gaunter O’Dimm en anglais) mais son rôle de vil tentateur ressemble beaucoup à celui de Leland Gaunt dans Bazaar et je me demande s’il y a une référence. En anglais, certains voient dans son nom les initiales pour écrire God (= Dieu). À méditer...
• Il y a des références au tome La Saison des Orages (les enchères par Borsody sont mentionnées à la page 113 des éditions Milady) :
• Un easter-egg nous fait comprendre que Geralt n’est pas vraiment potterhead :
• Je n’ai pas encore cherché de confirmation, alors je ne sais pas vous, mais je vois une grosse ressemblance entre l’Étranger (son nom serait un spoil) et l’acteur Richard Armitage :

(seulement après avoir acheté le jeu Witcher 3 : Wild Hunt !)