mercredi 9 août 2017

Les Oiseaux se cachent pour mourir, de Colleen McCullough,

L’histoire commence en 1915 et s’achève à la fin des années 1960. La famille Cleary originaire de la Nouvelle Zélande émigre en Australie pour faire fructifier un domaine où se pratique l’élevage du mouton et qui appartient à la riche sœur de Paddy Cleary, le père de famille. Une épique superbement rendue où s’acharnent les passions des personnages avec comme fil conducteur les amours tragiques de l’héroïne Maggie pour le magnifique prêtre Ralph de Bricassart lié à jamais au sort de l’exploitation du domaine.
Résumé repris sur LivrAddict et modifié par le Vampire Aigri.
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« Pour [Paddy], la religion était chaleur et consolation ; pour les siens, elle représentait un élément enraciné dans la peur, l’astreinte à une ligne de conduite dont ils ne pouvaient dévier sous peine d’être damnés. »
P. 103


Roman le plus vendu d’Australie, Les Oiseaux se cachent pour mourir talonne de près Autant en emporte le vent niveau succès romances. Un succès qui n’a pas été aussi franc chez moi que dans le reste du monde : les mauvaises langues diront que c’est parce que j’apprécie peu la littérature de romances, la vérité est que je m’attendais un peu à autre chose.

Une belle histoire d’amour, ça, je m’y attendais, et au début, je l’ai trouvée très tendre. Pudeur et douceur sont au rendez-vous entre cette jeune fille, Meggie Cleary, et ce prête qui a dix-huit ans de plus, Ralph de Bricassart. Je ne vais pas vous mentir : il y a des relents de pédophilie au début du roman, mais avec du recul, Ralph témoignait plutôt de la pitié comme une enseignante porterait à un petit favori doué mais incompris par ses propres parents. Maintenant le livre terminé, je suis moins choquée par cette relation qui évolue : elle démarre comme un amour paternel avant de devenir un amour réellement sensuel.
The Thorn Birds par JustAnoR
Il y a de beaux moments et ils auraient été nombreux si Meggie n’avait pas gâché la fin de ma lecture. Obsédée par l’idée d’avoir des enfants, égoïste voire perfide à certains moments, j’ai été assez refroidie par cette petite rousse que j’appréciais.
Quant à Ralph, sans en être tombée amoureuse comme beaucoup de lectrices, je l’ai trouvé quand même très intéressant ! J’aurais aimé voir davantage de réflexions sur l’opposition entre l’amour dédié à Dieu et celui accordé à une femme.

C’est finalement ça qui m’a manqué le plus dans Les Oiseaux se cachent pour mourir : je ne suis peut-être pas fan de romance, pourtant, je n’aime rien de plus que les histoires d’amour quand un membre du clergé est impliqué. On comprend que l’amour entre Meggie et Ralph de Bricassart sera très difficile à cause du rôle de prêtre de cet homme, mais l’auteure s’arrête là alors que l’atmosphère religieuse aurait pu être plus accentuée.
Si Le Moine est une histoire très différente, il y a le thème de la tentation, la peur face à l’autorité, l’orgueil, la petitesse de l’homme face au divin/occulte… Ici, la fonction de Ralph semble juste servir d’obstacle. Le sujet mériterait d’être creusé davantage.

Plutôt que de s’étendre sur ce thème, Colleen McCullough préfère décrire les horizons, la végétation, les acteurs alentours… Le roman fait voyager jusqu’en Australie et on imagine sans peine ses saisons arides, sèches, tourmentées, sa faune grouillante, son peuple rustique. Quelques passages nous amènent également en Europe, faisant découvrir le Vatican, Londres…
Les descriptions dérangeront les lecteurs peu férus de la plume observatrice, mais la fluidité est là et aide à digérer ces nombreux blocs de décors. Mais je reconnais que le livre fait une centaine de pages de trop, de plus, certains personnages sont totalement occultés (voire oubliés) alors qu’ils méritaient leur place dans la conclusion pour finir en beauté, des détails manquent dans une seconde partie assez vide…

Ce n’est pas un roman que j’ai détesté, loin de là, mais je m’attendais à mieux vu le succès qui l’entoure. J’espère tomber sur une autre romance qui concerne un prêtre ou un moine plus aboutie sur le plan religieux.

« Elle leva la tête, essaya de compter les étoiles, et y renonça ; aussi délicats que des gouttes de rosée sur une toile d’araignée, les points lumineux s’embrasaient, disparaissaient, s’embrasaient, disparaissaient, en une pulsation aussi éternelle que celle de Dieu. »
P. 321 – 322

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Comme précisé au début de la chronique, Les Oiseaux se cachent pour mourir est le roman australien le plus vendu au monde.
• Le titre original est The Thorn Birds, faisant écho à une légende d’un oiseau au chant spectaculaire mais éphémère car il ne chante qu’en mourant, s’empalant sur des épines. Les titres Les Oiseaux d’épines, Les Oiseaux sur les épines, Les Oiseaux épineux sont moins glamours, mais c’est surtout que le titre cache une référence au poème de François Coppée :
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?


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