mardi 4 juillet 2017

Le Spleen de Paris, de Charles Baudelaire,

Lorsqu’il commence à publier ses petits poèmes en prose dans des revues et des journaux, Baudelaire a beau les qualifier modestement de « bagatelles », il a pleinement conscience de ce qu’ils ont de singulier. Et nous le savons mieux désormais, ce qui s’inaugure de manière capitale dans ces textes qui visent à capter l’étrangeté du quotidien de son temps, ce n’est rien moins qu’une forme littéraire nouvelle. Rimbaud et Mallarmé vont s’en souvenir très vite – et bien d’autres après eux.
Bien que le poète y songeât depuis 1857, l’année des Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris ne parut que deux ans après sa mort, en 1869. Ses poèmes en prose constituaient pourtant à ses yeux le « pendant » de ses pièces en vers, et les deux livres, en effet, se font écho à maints égards. Mais, à la différence des Fleurs du Mal, ce n’est pas ici un recueil composé qui nous est offert : un espace de liberté, bien plutôt, où le flâneur témoigne d’un nouveau regard venu à l’homme moderne pour lequel la réalité multiplie ses images…
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche, Classiques de Poche.
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Au lycée, j’avais acheté Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris pour un projet en art, et finalement je me suis contentée du premier recueil et j’avais repoussé la lecture du second… Jusqu’à récemment (bien des années plus tard, donc).
J’avais vraiment adoré Les Fleurs du Mal et ce côté franchement dérangé de Charles Baudelaire (le gars se teignait les cheveux en vert par exemple). Il en va de même pour Le Spleen de Paris : cinquante poèmes qui ne sont pas des poèmes comme on l’entend, mais l’absence de rimes et de mètres ne retire rien à leur style.

Les sujets qui font rêver, les images composées de traits de peinture et les chutes rappellent bien un recueil de poésie. Il y a un côté "tranche de vie" où Baudelaire observe la société que tour à tour il admire et exècre. Sa plume peut traduire un amour pudique ou au contraire laisse exploser un mépris presque violent. C’est quand même l’auteur qui compare son public à un chien, hé !
« Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ? »
XVIII. L’invitation au voyage

Ce recueil fait traverser un vrai panel d’émotion : rire, nostalgie, hébétement, curiosité, colère, choc… Le Spleen de Paris est un recueil en harmonie et qui, en même temps, surprend par sa diversité. Même s’il peut sembler intemporel, c’est une virée dans les années 1860 avec cette colère du poète contre la société grouillante et son besoin de briller, d’être couronné de succès par un public. Baudelaire n’est pas un romantique pour rien. Voire un rebelle.
C’était le petit punk avant l’heure et s’il avait connu Sid Vicious, il aurait écrit des poèmes sur lui et les Sex Pistols.
Un recueil excellent si on aime l’esprit particulier de Baudelaire, Le Spleen de Paris peut même se lire en une soirée sans paraître indigeste.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Imaginé en 1857 à l’instar des Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris n’est publié qu’en 1871, soit deux ans après la mort de Baudelaire.
Le Spleen de Paris peut se trouver désormais gratuitement et légalement, comme sur Bouquineux par exemple.

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