mercredi 16 novembre 2016

Héros ou Couple inoubliables [14],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.





    → Pourquoi ce couple ?
Car c’est lui qui sauvé un peu mon impression concernant le roman David Copperfield (qui a été plutôt décevant...).
    → Est-ce le couple principal ?
Pas au début de ce roman d’apprentissage, mais il devient le couple principal.
    → Quel aspect particulier de la relation vous a tant plu ?
David Copperfield aurait été une bonne surprise si Agnès et David avaient été en couple plus tôt : les premières romances de David Copperfield sont mignonnes (un jeune homme qui tente de se donner un peu de contenance face à ses premières conquêtes ratées, c’est touchant) et on sent l’attachement d’Agnès Wickfield, cette douce jeune fille qui est très différente des prétendantes de David : sage, paisible, douce… Je rageais quand David se lamentait sur une déception amoureuse et se confiait à Agnès sans voir qu’elle était mourrait d’envie de le consoler d’une façon amoureuse.
Non, bande de cochons, je ne pense pas à des pratiques sexuelles. Je pensais vraiment à un discours "avec moi, vous serez heureux, machin, machin".
Le début de David Copperfield est super, le milieu est d’un ennui mortel et je n’ai retrouvé de l’intérêt à ce roman qu’à la fin : quand David fait enfin d’Agnès sa madame Copperfield. La grosse joie !

dimanche 13 novembre 2016

La Saison des Orages, d'Andrzej Sapkowski,

On a volé les fameuses épées du Sorceleur ! Et il en a plus que jamais besoin : une intrigue de palais se trame et le prince de Kerack a requis l’aide de Geralt. Mais ce dernier va devoir déjouer les manœuvres d’une belle et mystérieuse magicienne rousse avant de partir à la recherche de son voleur. Heureusement, son fidèle compagnon barde Jaskier lui sera d’un précieux secours, de même que son nouvel ami, le nain Addario, pour affronter les dangers  qui l’attendent.
Quatrième de couverture par Milady.
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« – Tu ne jetteras donc pas ton épée, hein ? jugea-t-il. Tu es donc si brave ? Un vrai dur ? Tu manges les huîtres avec la coquille ? En les faisant passer avec de la térébenthine ? »
P. 225

Ceux qui suivent la page facebook ont vu que j’ai ouvert cet énième tome du Sorceleur avec les orteils dans l’eau : et quelle joie ce fût que de commencer une nouvelle aventure de Geralt dans un tel décor ! L’ambiance, comme toujours, est posée dès les premières pages et l’aventure inédite n’a rien à envier à la trame des romans principaux.

J’ai bien mis un mois pour lire ce tome, pas parce que je m’ennuyais ou parce qu’il était indigeste : il s’agit du dernier (?) tome de la saga de Sapkowski et l’idée de toucher à la fin m’attristait : prendre mon temps était donc une nécessité. 
Ouais, c’était nécessaire. Vital, même.
Plus sérieusement : en plus d’être le dernier et donc primordial de le savourer, j’ai vraiment aimé ce tome tout du long et je n’étais pas pressée d’arriver à la conclusion.

Résumer ce tome en quelques mots expliquerait déjà mon impression très positive : La Saison des Orages présente une vraie aventure de sorceleur (pas d’intrigue royale… enfin pas trop), avec de nouvelles créatures émouvantes, des personnages intéressants qu’on regrette ne de pas voir longtemps et surtout, une ode à l’amour pour Yennefer histoire de faire rager les autres sorcières. Ce qui est drôle !
Bref, plaisir suprême. Je dirais même que La Saison des Orages est bien mieux que certains tomes de la saga !
Le vrai point fort, ici, c’est une plongée dans le monde qu’on découvre à peine dans la saga du Sorceleur : les événements rapprochent le lecteur de diverses couches de la société, des modes de vie… En un roman, ce monde ne peut bien évidemment pas être exploré de façon plus poussé, mais enfin, Sapkowski a fourni plus d’efforts dans ce hors-série.
En 400 pages, l’auteur nous fait voir en plus du pays et les décors sont variés : une jungle hantée par une femme renarde, un domaine qui réunit des sorciers peu sympathiques, une ville riche où les autorités complotent…

Comme dit plus haut, on découvre également des créatures qui n’apparaissent pas dans la saga-même, avec ce schéma qu’on rencontre souvent dans le Sorceleur : combattre ou comprendre des monstres, dénicher les alliés, voire en retrouver du passé, et démasquer les traitres qui cachent une nature monstrueuse sous des traits parfois humains.

Curieusement, la fin de ce tome est mieux que celle de la fin de La Dame du Lac : étrange et féerique, j’ai été vraiment émue car je ne m’attendais pas à cette apparition un peu spéciale et je me suis sentie comme Nimue, la future sorcière et future Dame du lac, avec cette petite pointe de tristesse dans le cœur. La fin de la Saison des Orages sonne plus comme un vrai au revoir.

L’image a servi pour la couverture du troisième tome, Le Sang des Elfes, en Chine.
« – Je rêve parfois de prendre la mer. Seule. De hisser la voile et de sortir en mer… Loin, très loin au-delà de l’horizon. Avec juste la mer et le ciel alentour. Je rêve d’être éclaboussée par l’écume salée des vagues, le vent s’engouffrant dans mes cheveux telles les caresses d’un homme. Et moi, seule, absolument seule, infiniment seule au milieu d’un élément qui m’est étranger et hostile. La solitude dans une immensité énigmatique. Tu n’en rêves pas ?
Non, songea-t-il à part lui, je n’en rêve pas. Chaque jour, j’y ai droit. »
P. 90

Milady utilisant une image du troisième jeu et étant complètement fan, je peux valider cette chronique avec l’idée 26 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
La Saison des Orages peut être vu comme le tome 1,5 : la romance avec Yennefer a déjà commencé mais la rencontre avec Ciri appartient encore au futur. Les lecteurs peuvent lire ce tome après avoir fini la saga pour se consoler, ou bien le lire avant de commencer L’Épée de la Providence, bien que le format nouvelles/roman/nouvelles puisse perturber peut-être un peu.
• En réalité, il ne s’agit pas du dernier tome : Sapkowski a écrit un recueil de 8 autres nouvelles en 2000. Le recueil en polonais a pour titre Coś się kończy, coś się zaczyna (traduit par Quelque chose s'achève, quelque chose commence bien qu’il ne soit pas sorti en France). Ce recueil possède notamment un cadeau de mariage de Sapkowski pour un couple d’amis : la nouvelle qui raconte le mariage entre Yennefer et Geralt ! Ceci dit, Sapkowski précise lui-même que c’est vraiment un cadeau et par conséquent, ce récit n’est pas vraiment canonique.
• Pour conclure sur un "vrai" au revoir avec la saga (même s’il me reste le troisième jeu et ses extensions à finir), je vous partage cette musique composée par Miracle of Sound, de son vrai nom Gavin Dunne, qui a fait déjà quelques morceaux pour la saga, The Path vient clore ses productions et pour dire au revoir au Loup Blanc :


samedi 12 novembre 2016

Persuasion, de Jane Austen,

D’un ton plus grave que les œuvres précédentes de la romancière, il raconte les retrouvailles d’Anne Elliot avec Frederick Wentworth, dont elle a repoussé la demande en mariage huit ans auparavant, persuadée par son amie Lady Russell des risques de cette union avec un jeune officier de marine en début de carrière, pauvre et à l’avenir incertain.
Mais alors que la guerre avec la France s’achève, le capitaine Wentworth revient, fortune faite, avec le désir de se marier pour fonder un foyer. Il a conservé du refus d’Anne Elliot la conviction que la jeune fille manquait de caractère et se laissait trop aisément persuader.
Anne Elliot, beauté fanée et effacée de vingt-sept ans, est la seconde fille de Sir Walter Elliot, un baronnet veuf et vaniteux. Sa mère, une femme intelligente, est morte quatorze ans auparavant, en 1826 ; sa sœur aînée, Elizabeth, tient de son père la vanité de sa position. Sa plus jeune sœur, Mary, encline à se plaindre sans cesse, a épousé Charles Musgrove de Uppercross Hall, l’héritier d’un riche propriétaire des environs. Encore célibataire, sans personne dans son entourage qui soit digne de son esprit raffiné, Anne est en passe de devenir une vieille fille sans avenir.
Quatrième de couverture par Littérature Audio, par Cocotte.
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Je ne compte pas parmi les Austeniennes aguerries, je dois l’avouer dès le départ. Et si je l’ai lu (ou plutôt, audiolu), c’est vraiment parce qu’il était dans la liste du Baby Challenge Classiques 2016 de LivrAddict.
Trouvé sur Littérature Audio, je l’ai emporté pendant un voyage en vacances d’été (mais j’avais oublié mon câble pour mon mp3, donc il s’est déchargé avant que le chargeur ne me suive par envoi… petite pause imposée, donc).


Je dois avouer que Persuasion m’a fait une meilleure impression qu’Orgueil et Préjugés. Je n’avais pas encore écouté Lady Susan mais aujourd’hui, je dirais que Persuasion serait entre les deux : comme d’habitude, l’histoire d’amour est évidente, la conclusion aussi mais j’ai trouvé tout ce récit plus doux, plus sensible et comme j’aimais beaucoup Anne, ceci explique cela. Elle n’est pas d’une beauté renversante, elle est à l’écoute et fait preuve de tact en gardant pour elle ses pensées éclairées, étant plus réfléchie que les gens de son entourage… Le genre d’héroïne que j’apprécie.


Mais à part quelques passages (notamment une mauvaise chute, je ne m’attendais pas à tant d’action) et ce personnage sympathique, je n’ai pas été transportée. Donc bon, au bout de cette troisième tentative, je pense pouvoir l’affirmer : Jane Austen, ce n’est pas pour moi.
Je ferai l’impasse si un de ses romans apparaît dans un challenge qui m’intéresse car bon, me forcer ne me fera pas aimer l’auteure. Par contre, je le conseille aux amateurs de romance, surtout si vous avez le pied marin, il y a une ambiance bord de mer dans Persuasion qui n’est pas désagréable.
Je laisserai une chance peut-être à Emma, ceci dit. Je ne sais pas pourquoi, il m’intéresse malgré tout.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Persuasion est le dernier roman écrit par Jane Austen, il a été publié à titre posthume en décembre 1817, soit cinq mois après la mort de l’auteure.

vendredi 11 novembre 2016

Érec et Énide, de Chrétien de Troyes,

Suffit-il qu’un chevalier valeureux et qu’une belle et sage jeune fille se rencontrent, connaissent l’éblouissement au premier regard puis s’épousent pour que tout soit dit sur le mariage et l’amour ? Certes non, car l’aventure aura tôt fait de les rattraper et, avec elle, les épreuves et le doute : le salut et la joie sont à ce prix…
Érec et Énide, qui inaugure la merveilleuse série des récits arthuriens, est le premier véritable roman de notre littérature.
Quatrième de couverture par GF Flammarion.
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Passionnée par les légendes arthuriennes, il fallait bien que je lise ce premier roman, celui qui lance cette saga épique. Quoique j’avoue que j’ai un avis un peu mitigé : les œuvres de Chrétien de Troyes ne ressemblent en rien aux romans arthuriens que les auteurs peuvent écrire aujourd’hui, mais je dois avouer que je m’attendais à un peu plus de féerie.

Finalement, Érec et Énide est un roman d’amour avant d’être un roman féerique (littérature courtoise en même temps, hé, j’avais un peu oublié durant ma lecture…) : Michel Rousse, dans la préface, pointe l’originalité de placer le mariage au début, alors que le mariage se situe bien souvent à la fin et que le couple traverse des épreuves pour consolider leur amour. Un peu comme tous les couples, direz-vous, sauf qu’Érec met à l’épreuve Énide et lui fait des trucs chelous dignes d’une légende médiévale où on joue un peu avec la Mort. Alors par chance : non, pas comme tous les couples, car quand le merveilleux est au rendez-vous, comme à l’instar des autres romans arthuriens, on assiste à des situations presque drôles. On y croise des événements qui tiennent du miracle, des monstres, des prouesses… Le quotidien classique d’un chevalier valeureux et d’une gente dame à la vertu intacte.
Il y a ceci dit de beaux moments et j’ai apprécié le couple que formaient les deux tourtereaux. Et pour une fois que la femme ne fait pas de (grosse) bêtise pour nous projeter dans la catastrophe !

Érec et Énide n’est pas un roman indispensable, comme celui de Lancelot ou celui d’Yvain par exemple, mais il peut valoir le coup pour briller en société en parlant d’une légende arthurienne peu connue des mortels.
Ceci dit, je ne cracherais pas sur une réécriture de cette histoire avec de la Fantasy moderne. Et de faire ressortir davantage le rôle de ce cerf blanc, qui est finalement plutôt discrète comme créature.

Cette chronique rejoint bien sûr mes participations au Challenge des Légendes Arthuriennes, et, ça va être horrible, mais je peux valider l’idée 12 du Challenge des 170 Idées, voilà :
(en même temps, quitte à chasser, il faut manger ensuite, pas le laisser pourrir en forêt)

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L’édition GF Flammarion propose une version bilingue, à gauche on peut lire l’ancien français et à droite, le français moderne. De plus, le dossier proposé dans la préface est très complète et permet de comprendre tout le contexte autour.











jeudi 10 novembre 2016

Rebecca, de Daphné du Maurier,

Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme obscur de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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« Une épouvantable tragédie, disait-elle. Partout dans les journaux, bien sûr. Il paraît qu’il n’en parle jamais, qu’il ne prononce jamais son nom. Elle s’est noyée, vous savez, dans une baie près de Manderley... »
P. 44


Rebecca me fait penser à un alcool traître : tout d’abord sucré, léger, on sirote et on sirote car le goût fort de l’alcool est dissimulé, nous poussant à boire sans modération. Typiquement le genre de d’alcool qui "se boit comme du p’tit lait". Et sans s’en rendre compte, l’alcool nous grise et on ne voit pas les verres défilés comme les pages de Rebecca : le rythme ne se remarque même pas. À chaque fois que l’on émerge, on a l’impression de sortir d’un rêve, on se sent un peu embrouillé comme en état d’ivresse.
Rebecca, c’est ce genre de livre.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre : les résumés sont toujours très concis et je m’attendais à une folie dans la même veine que Le Tour d’Écrou. Mais effectivement, il n’y a pas grand-chose à dire pour résumer ce roman sans trop en dévoiler : il faut garder à l’esprit que la narratrice vient d’épouser le veuf (fraîchement veuf, d’ailleurs) Maxim de Winter et qu’elle vient habiter le grand manoir Manderley en tant que maîtresse des lieux, et non en tant que dame de compagnie comme elle l’avait toujours été. Autre problème : la présence de l’ancienne femme, Rebecca, est omniprésente, les meubles qu’elle possédait sont toujours là, ses habitudes sont ancrées et encore respectées des employés, et moins elle occupe les conversations, plus elle s’impose dans les pensées.
Il n’y absolument aucune place pour la nouvelle Madame de Winter, et la gouvernante, Madame Danvers, compte bien lui faire comprendre.


Il n’y a pas de surnaturel dans Rebecca : ce n’est pas un spoil de le révéler mais ça évitera peut-être de fausses attentes. Il y a beaucoup de mystères à découvrir dans ce roman, rangeant Rebecca dans une section thriller/mystère plutôt qu’horrifique/surnaturel (ce que je pensais au début).
Mais malgré cette idée finalement erronée, je n’ai pas du tout été déçue : dérangeant, avec un certain malaise, on s’attache à cette narratrice pourtant bien mystérieuse (on ignore son âge, son passé, même son nom !), on sait cependant qu’elle est bien intentionnée, qu’elle est certes un peu gauche et d’une timidité fatigante, mais son évolution est très intéressante.


La trame est fascinante, tout comme la plume de Daphné du Maurier : fluide, poétique, son style est vraiment magnifique et permet de lire sans s’arrêter. Elle choisit les mots avec justesse, bien que pour le coup, je peux surtout applaudir Anouk Neuhoff, la traductrice.
J’applaudis moins Le Livre de Poche par contre d’avoir écrit en énorme « Nouvelle traduction Texte intégral » sur la couverture… Alors qu’il y avait déjà une petite bannière…
Dans ce décor où la Nature prédomine, Daphné du Maurier donne vie à ces fleurs magnifiques au parfum lourd, à cette mer toute proche, tantôt tranquille, tantôt menaçante, seule ce manoir immense, trop immense, semble mort et ne met pas à l’aise.

Un superbe roman, une histoire avec une ambiance réussie, des personnages touchants et un schéma de relation qui me tient à cœur : le fait de passer après un premier amour, d’être rongée de questions, de doutes et apprendre à lutter avec ce passé inconnu et se concentrer sur le futur. Il y a peu d’histoires d’amour dans ce genre dans la littérature (disons qu’elles sont en minorité par rapport aux premiers amours/coups de foudre qui tiennent pour l’éternité) et ça m’a fait plaisir de lire quelque chose dans ce genre, quelque chose de si réaliste.

« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. »
P. 7

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Rebecca est un roman qui perdure dans la culture grâce à l’adaptation d’Alfred Hitchcock sortie en 1940.
• En 1990, Rebecca est à la 6ème place du classement des cent meilleurs romans policiers de tous les temps selon la Crime Writers’ Association, juste derrière Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie ! Ceci dit, ce n’est pas vraiiiment un roman policier à la sauce Christie ou Doyle, ne vous imaginez pas faire chauffer les neurones durant la lecture. Pour la liste établie par la Mystery Writers of America, Rebecca est à la 9ème place.