lundi 27 juin 2016

Dolores Claiborne, de Stephen King,

Dolores Claiborne est un thriller psychologique, quasiment dépourvu de tout élément surnaturel, qui retranscrit le long témoignage de Dolores Claiborne interrogée par la police car elle est suspectée du meurtre de sa riche employeuse. Si elle s’innocente de celui-ci, elle avoue celui de son mari, près de trente ans plus tôt. 
Quatrième de couverture repris et modifié de Wikipédia.
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Les critiques aiment avancer l’argument vendeur ultime : le livre qui vous prive de sommeil, le livre impossible à lâcher…
Sauf que, me concernant, quand je tombe de fatigue et que mon cerveau déconnecte doucement mais sûrement, le plus palpitant des thrillers ne pourra rien faire pour moi et j’éteins ma lumière. Par contre, je dois avouer que les audiobook permettent de "lire" jusqu’à pas d’heure tout en faisant abstraction des yeux qui piquent.
Et Dolores Claiborne a été efficace comme une flèche en mode furtif dans Skyrim quand votre personnage est à 100 en discrétion. Maintenant je le sais : j’aime lire du Stephen King. J’aime écouter du Stephen King.


Dolores Claiborne, ce n’est pas l’histoire d’une invasion de vampires, ni d’un mortel hanté par une entité diabolique. Dolores Claiborne a quelques relents de surnaturel, mais rien de plus que lorsque vous faîtes un rêve prémonitoire ou quand vous avez une très forte impression de déjà-vu, car ce qui est mis en avant, c’est surtout l’histoire d’une femme très complexe. On avait les anti-héros masculins, on a maintenant les versions féminines et ces braves femmes sont dotées du même charisme poignant.
Les personnages gagnent surtout en richesse grâce aux relations que l’auteur tisse : celle qu’il y a entre Dolores Claiborne et Vera Donovan est fantastique et ajoute tout le piment au roman. Cet amour-haine qui reste ambigu au long de toutes ces années, qui fait des deux femmes les meilleures amies mais aussi d’amères ennemies. J’ai détesté et adoré à plusieurs reprises cette vieille peau de Donovan : ses crises, ses caprices et ses conseils…
Quant à Dolores Claiborne, je l’ai totalement adorée : ses malheurs, son courage et sa détermination en font une femme assez admirable et il y a longtemps que je n’avais pas autant admiré une protagoniste comme ça. En plus d’avoir les petits soucis quotidiens de n’importe quelle femme (ou de n’importe quel être humain, en fait) entre les prises de poids, l’angoisse pour ses enfants qui grandissent et la vieillesse qui guette. Avec tout ça, Dolores est aussi une femme battue, une femme liée à un homme malsain.


Quand on aime le personnage, la lecture n’en est que plus facile malgré le style narratif assez particulier : le roman est en fait un long monologue de Dolores Claiborne. Elle raconte son histoire, avoue ses crimes, en dément d’autres, partage des confessions pour la première fois. Si faire parler un personnage de la sorte est un exercice difficile, Stephen King relève le pari avec talent : le vocabulaire est choisi avec soin avec en plus cette subtile oralité qui fonctionne. Le personnage vit à travers son discours.

Beaucoup plus réaliste que les grands classiques du King, Dolores Claiborne n’est pas vraiment un roman avec une trame surnaturelle, en revanche, les symboles superstitieux sont nombreux et donnent une allure sacrée à l’histoire de cette femme. C’est sur ces détails que repose une atmosphère fantastique mais ils peuvent être pris au premier degré ou au second par le lecteur. Ici, l’auteur nous laisse interpréter et son roman sera classé selon les suppositions de ses lecteurs.

À la fois très émouvant, cruel et intense, Dolores Claiborne est un surprenant mélange de tristesse et de peur : beaucoup de lectrices seront certainement touchées par cette histoire très féminine tandis que les lecteurs seront surpris par ces relations d’amour/haine qui unissent ces trois femmes bien différentes.
Pour ceux qui veulent tenter l’audiobook des éditions Theleme, vous pouvez y aller sans crainte : Élodie Huber qui prête sa voix offre une narration très convaincante.
Un très, très bon roman de Stephen King.

Certaines adaptations de Stephen King sont très moyennes, voire carrément mauvaises, mais Dolores Claiborne, sorti en 1995, est très correct et rien que pour la prestation de Kathy Bates (qui joue l’effrayante Annie Wilkes dans Misery), le film vaut le coup d’œil.
Un personnage intéressant pour une actrice talentueuse.  

Avec la couverture utilisée par Theleme, je peux rattacher cette chronique à l’idée 156 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Theleme propose aussi une édition avec trois romans audiobook, réunissant Dolores Claiborne, Misery et Christine.

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