samedi 30 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [08], la lettre H,

Si je dis "auteur russe", on me répondra Tolstoï, Dostoïevski ou même Dmitri Glukhovski. Et je répondrai alors : allez lire Tourgueniev, bordel.
Si je dis « histoire d’amour », on me répondra Orgueil et Préjugés, Jane Eyre, Autant en emporte le vent et les plus fous oseront un petit Twilight, voire un 50 Nuances de Grey. Et je répondrai alors : vous n’avez pas entendu ? Allez lire Tourgueniev, bordel².
Nid de Gentilhomme est une des plus belles histoires d’amour que j’ai lues. Attachée à ce couple, j’ai été transportée et déprimée à la fois, fascinée par cette ambiance typiquement russe : mélancolique, froide et pudique, mais pleine de passion.
Donc faîtes-moi plaisir : si vous vous considérez lecteur/lectrice de romance, allez lire ce bijou caché.

vendredi 29 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [07], la lettre G,

On connaît tous la chanson : les classiques français sont lourds, ennuyeux. Balzac, Flaubert, Stendhal, Victor Hugo… Tant d’auteurs qui écrivent pour ne rien dire à tel point qu’on trouve leurs œuvres en version abrégée.
Cela dit, je sélectionne toujours mes romans dans leur intégralité et quand je commence un auteur classique français, je surveille durant ma lecture si les préjugés sont justifiés. Concernant Flaubert, je n’ai pas trouvé que Madame Bovary méritait tant de critiques, même si son personnage mérite, certes, quelques petites claques.
Un roman que je suis très contente d’avoir lu car intéressant et riche.

jeudi 28 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [06], la lettre F,

Bouh là, j’ai un vrai harem littéraire. Je pourrais citer Geralt et Yennefer dans le Sorceleur, Sirius Black d’Harry Potter (la faute à Gary Oldman puisque son jeu s’est imposé depuis que j’ai vu le film) et bien d’autres, mais enfin, si je devais sélectionner un seul époux parmi tout ce beau monde, ce serait Sherlock Holmes.
C’est assez cocasse quand on pense que le mariage est banni de cet esprit mécanique et que, depuis toute petite, je n’ai jamais voulu me marier non plus. Mais enfin, c’est vrai que Sherlock Holmes représente, si l’on peut dire, mon idéal masculin : sans forcément être beau, il reste quelqu’un de soigneux et de propre (sauf quand, comme les geeks, il tombe sur un nouveau jeu et se néglige un peu mais enfin, je suis mal placée pour critiquer), un esprit intelligent et éclairé, passionné par la criminalité (je pourrais en parler pendant des heures), un humour très cynique et quelqu’un qui a besoin de sa liberté (et Dieu sait que j’en ai besoin aussi).
Donc étrangement, oui, ça serait le genre d’homme qui me conviendrait. Dommage qu’il soit imberbe, la barbe est mon point faible avec l’esprit. Mais il compense :  l’enfoiré vit pendant l’époque victorienne.

mercredi 27 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [05], la lettre E,

Certains vont hurler : oui, j’ai réussi à adopter l’eBook.
Mais franchement, je ne vois rien d’extraordinaire ou de révolutionnaire dans l’eBook (surtout que les livres sont rarement moins chers), c’est comme demander si vous préférez aller au cinéma ou voir un DVD chez vous : il y a des avantages et des inconvénients pour les deux situations. L’eBook a des lacunes à mes yeux mais c’est un support qui a quelques bonus quand même.
Mais quitte à choisir, hein, la version papier était, est et sera le support privilégié et ce pour plusieurs raisons : le parfum des pages, la classe de le tenir dans les mains, la notion d’objet matériel (dans la liseuse, tous les livres en deviennent un seul et j’ai l’impression qu’ils perdent de leur identité, bien que ce soit purement psychologique) et ensuite, parce que j’ai tendance à compter les pages et voyager un peu entre elles et que sur liseuse, c’est beaucoup trop chiant ! Je dirais même que je préfère l’audiobook à l’Ebook.
Le livre papier remporte donc !

Héros ou Couple inoubliables [09],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.


Pour ce mercredi, une pin-up tout en blondeur et rose pétillant qui prouve que les apparences sont parfois trompeuses, attention, risque de spoil


    → Pourquoi ce personnage ?
Fausse blonde plantureuse tout en rose bonbon qui passe ses journées à larver sur son lit (et à la voix particulièrement stridente dans l’adaptation cinématographique), ce personnage n’avait tout d’abord rien de plaisant. Mais il s’avère qu’elle fait partie des femmes les plus spectaculaires de La Couleur des Sentiments : le paradoxe est assez intéressant pour être mentionné !
    → Est-ce le personnage principal ?
Non.
    → Quel aspect particulier du personnage vous a tant plu ?
Mieux vaut se méfier : venant des rues et après avoir connu la pauvreté, Celia Foote n’a pas peur d’utiliser ses poings et malgré cette apparence superficielle, elle est d’une franchise naïve mais désarmante. Ces deux aspects font d’elle le mouton noir du quartier de Jackson.
Les moments avec elle viennent petit à petit, on la découvre au même rythme que sa nouvelle bonne Minnie. Comme elle, on se pose beaucoup de questions sur cette blonde plantureuse qui change des autres maîtresses aux tendances racistes. Mais dans quel but se montre-t-elle si gentille ? L’est-elle vraiment ? On le découvre au fil de la lecture avec des passages de plus en plus émouvants, affichant une solitude injuste qui la rapproche des bonnes de Jackson.
Un personnage féminin qui surprend et suscite l’attendrissement. Un truc rare, quoi.


mardi 26 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [04], la lettre D,

Il y a le sirop de violette quand j’ai trop chaud, la bière quand je suis en bonne compagnie (dans un pub de préférence) mais il y a surtout le thé quand je suis en bonne compagnie, humaine ou littéraire. Donc oui : sans surprise, le thé est ce que je préfère siroter quand j’ai un livre dans les mains.

lundi 25 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [03], la lettre C,

On parle toujours de Stephen King comme le maître incontesté de l’horreur. Mais certains critiques littéraires considèrent que Clive Barker le surpasse dans certains domaines, que cet auteur a creusé beaucoup plus loin que le King, et amatrice de films d’horreur (voire d’horreur tout court), j’ai décidé de me plonger dans Hellraiser avant de voir le film, histoire de compléter ma culture horrifique et savoir si j’accroche à cet autre maître du genre.
Ensuite, ce sera au tour de Lovecraft !
Comme je ne lis jamais un livre à la fois, j’alterne avec Martyrs de Peru que j’ai enfin repris.

dimanche 24 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [02], la lettre B,

Malgré un petit coup de mou pour le tome 3, la saga du Sorceleur est la première qui me vient en tête pour désigner une suite de série géniale et qui change d’Harry Potter ou du Trône de Fer : on passe du support de nouvelles à celui de romans, de combats contre des monstres à des guerres bien humaines, d’un sorceleur esseulé à un père angoissé, d’une sorcière prétentieuse à une mère aimante… et tout ça autour d’une légende aux cheveux cendrés qui s’affirme de plus en plus.
Certes, elle possède quelques défauts (surtout un monde qui aurait mérité d’être davantage développé... Mais pour ça, on a les jeux vidéo), mais peu de sagas peuvent se vanter d’avoir vu leurs sept tomes me passer dans le gosier en moins d’un an.
J’ai vraiment suivi cette saga avec mes tripes, pour reprendre l’expression d’Artalok !

samedi 23 avril 2016

Challenge l'ABC Littéraire [01], la lettre A,

Après avoir calculé entre J. K. Rowling (7 livres lus), Agatha Christie (13 livres lus), Andrzej Sapkowski (7 livres lus), Poppy Z. Brite (avec 6 livres lus), Anne Perry (13 livres lus), c’est finalement Stephen King qui l’emporte avec le joli score de 14 livres, en sachant que je n’ai pas compté toutes les nouvelles que j’ai lues durant mon enfance, je ne me souviens donc plus du nombre exact.

Challenge l'ABC Littéraire [00], Recap',



Vu sur Le Pouvoir des Mots, j’étais très tentée par cet ABC littéraire : à chaque lettre, une question qui porte sur un livre, un auteur ou même vos habitudes de lecteur/lectrice. Comme j’adore spammer, j’ai programmé une lettre pour chaque jour (en plus, je serai absente : ça imitera une certaine présence) : mon challenge commence donc le samedi 23 avril et s’achèvera le mercredi 18 mai.
Cliquez sur les lettres pour accéder à chaque post.
[A] L’auteur le plus lu
[B] La meilleure suite de série
[C] Ma lecture du moment
[D] La boisson qui accompagne mes lectures
[E] Ebooks ou papier ?
[F] Un personnage fictif que je pourrais épouser
[G] Un roman à qui j’ai donné une chance
[H] Un roman “joyau caché”
[I] Un moment important dans ma vie de lectrice
[J] Le roman que je viens juste de finir
[K] Un genre que je ne lirai jamais.
[L] Le roman le plus long
[M] Le livre qui a cause un gros “book hangover”
[N] Nombre de bibliothèques
[O] Roman lu plusieurs fois
[P] Endroit préféré pour lire
[Q] Une citation
[R] Un regret de lecteur
[S] Série jamais terminée
[T] Mes trois livres favoris
[U] Aucun remord d’être fan
[V] Roman que j’attends avec impatience
[W] Pire habitude livresque
[X] Le 27ème livre rangé sur mon étagère (partant du haut et de la gauche)
[Y] Dernier livre acheté
[Z] Le livre qui me tenait éveillée

Comme d’habitude, je ne tag personne : je vous laisse vous servir et n’hésitez pas à me dire si vous êtes arrivé/e à bout de ce challenge !

mercredi 20 avril 2016

Le blog fête ses 4 ans, bientôt la crise des 5 ans !,




Éwi.
Aujourd’hui, le blog fête ses quatre ans. Un joli score quand j’y pense car ça veut dire qu’il y a quatre ans, j’entamais un début de nuit blanche avec d’autres insomniaques sur Skype et qu’une question assez fatale a frappé sous le crâne : Bordel, je relis jamais mes livres, faudrait que je tienne un carnet pour me souvenir de ce qui m’a plu ou non.
La crise existentielle.
Sauf que :



• J’écris toujours bien au début, je m’applique et après, je suis contaminée par l’écriture médicale par pure flemme et manque de patience. Résultat : je n’arrive plus à me relire.
• Les carnets, c’est bien, mais j’en ai déjà un où je marque des bribes d’écriture à caler dans mes histoires et que je tente d’emmener toujours avec moi (l’inspiration frappe vraiment n’importe comment), un second carnet ferait lourd dans le sac.
• Et pis, les carnets, ça s’abîme, ça se perd… Du coup, cette pensée me fait peur à propos du premier carnet. *fear*
• Je passe mes journées sur Internet, autant me faire un petit coin sur la toile. Pas pour me plaindre de mes problèmes de vampire aigri ou de ma taille qui fait que je suis obligée de faire mon propre cercueil sur mesure, mais pour parler livres !
Et boom. Le vendredi 20 avril 2012, à 2h34 du matin, je postais une présentation brève et concise de mon projet
On voit que mes samedi m’étaient encore réservés et que je n’avais pas dégoté un boulot d’étudiant.

Et je ne pensais pas que je tiendrais régulièrement (malgré des pauses plus ou moins longues) en ne voyant pas le temps filer. Je dois avouer que je suis plutôt fière de cette cabane que j’ai installé, et je le suis notamment car elle accueille quelques lecteurs curieux et les compliments que j’ai reçus m’ont toujours fait très plaisir : merci donc à chaque visiteur et si mes chroniques vous ont permis des découvertes, de fixer votre avis, de vous rassurer, alors mon but est accompli.

(même si, égoïstement, j’ai surtout ouvert ce blog pour moi d’abord.)

Comme pour les anniversaires précédents, je regroupe ici les mots-clés les plus drôles de l’année.
Je suis assez déçue de ne pas avoir eu la visite d’un explorateur de porno cette année, pas de « démons à grosse biroute » ou de « pervers » pour cette fois… Il va falloir que je me mette sérieusement à la littérature érotique. Et trash.
Mais la diversité est au rendez-vous :


LE ROMANTIQUE.
• jane rochester adopte un mec

LES RAGEUX.
• bilbo bessac et puis quoi encore
• skyrim insulter provoquer
• je suis devenue aigrie (je comprends parfaitement)
• pourquoi arya ne tue pas le limier (PARCE QUE.)

LE SIMPLE QUI N’EN DEMANDE PAS BEAUCOUP.
• arme super belle

LES ÉTUDIANTS DE MÉDECINE.
• vampirisme clinique psychopathologie livre
• cadavre gaté

L’ALTRUISTE.
• aventure point and click marrant qui pourrait plaire a une personne agée

CEUX QUI NE VONT PAS EN COURS DE FRANÇAIS.
(vous navez pas honte ?! Pourquoi écrire comme ça ?)
• epee elphique
• devenir loup garou elders sclol (Mix de Skyrim et League of Legends ?)

CEUX QUI ÉTAIENT VRAIMENT PERDUS.
• irlande parti cyv
• la vallee des loups 10 9ist 3ach9
• le chevalier éclata de rire et retourna dans son château. (ah bah ma foi, c’est un fort vilain goujat)
• skyrim dg delire

J’ai eu droit également, le même jour, à une incertitude :
• Charlotte et Thomas Pitt
• Thomas et Charlotte Pitt
Mon conseil : les dames d’abord.

Pour passer à quelque chose d’un peu plus sérieux, je vous partage la page Facebook : non, ce n’est pas mon compte pas-si-privé que des auteures aigries espionnent (bisous, Martine), mais simplement la page, donc si mes dents trop longues vous font peur mais que vous souhaitez suivre un peu l’actualité sur Facebook, vous pouvez liker comme l’inconnu timide que vous resterez ;
Cliquez sur la bannière pour y atterrir.

Mais je vous aimerai quand même ♥

En plus, cette page partagera le même anniversaire que ce blog. Histoire que je ne me foule pas trop.

Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de semaine et si vous subissez aussi en ce moment des petits rhumes chroniques infligés par le Printemps, alors prenez soin de vous !

samedi 9 avril 2016

Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo,

Paris, 1482. Autour de la belle bohémienne Esmeralda, dont la danse résonne sur le parvis de Notre-Dame, gravitent trois prétendants prêts à tout pour la conquérir : Phoebus, noble capitaine,  Claude Frollo, prêtre sans foi, et le célèbre Quasimodo, bossu au grand cœur… Surplombant le roman, la cathédrale, vivifiante Babel, lieu de refuge et d’épouvante aussi, voit se presser autour d’elle le peuple, acteur de l’Histoire en marche. Récit historique à la langue pittoresque et roman noir tout de meurtres et de mystères, Notre-Dame de Paris connaît, aujourd’hui encore, une popularité sans égale.
Quatrième de couverture par GF – Flammarion.
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« – Monsieur le bailli du Palais, dit-il à un grand homme noir placé à quelques pas de lui, est-ce que ces drôles sont dans un bénitier, qu’ils font ce bruit d’enfer ? »
P. 109

Petite, j’étais une sacrée hippie : Le Roi Lion et Les 101 Dalmatiens étaient mes deux Disney préférés car les héros étaient des animaux et qu’ils gagnaient. Forcément, dans une certaine logique, je voulais adopter des lions et posséder autant de dalmatiens que possible.
Et puis il y avait ce Disney que je ne considérais pas comme mon favori mais qui m’intriguait au plus haut point. Je n’ai pas été surprise quand j’ai appris l’an dernier que Le Bossu de Notre-Dame avait failli passer à la trappe d’ailleurs : ce dessin-animé est tellement glauque et sexualisé que même moi, enfant, je savais qu’il y avait quelque chose à propos de cette histoire sans toutefois mettre le doigt dessus. Mais je sentais que quelque chose n’allait pas. 
Quand j’ai su qu’il s’agissait d’un roman de Victor Hugo, j’étais si petite (je n’avais pas encore lu les Harry Potter) que je n’ai pas cherché à me lancer dans cette lecture. Et puis, pendant deux ans, je me suis tanné pour passer le pas.
Le Bossu de Notre-Dame n’était pas mon Disney préféré, mais il l’est devenu. Tout comme le roman d’origine a rejoint mes coups de cœur de lecture.

Puisque Victor Hugo est un nom qui fait dresser les cheveux sur les crânes d’une majorité d’élèves, je dois bien reconnaître que l’identité de l’auteur a retardé ma lecture : je suis moins familière avec les classiques français et j’avais peur d’être dépassée par cette narration...
Quiconque s’intéresse au roman a entendu parler des descriptions du Paris médiévale par exemple, un passage qui en a découragé plus d’un...
Malgré tout, la découverte de la plume d’Hugo se résume à une bonne surprise, une très bonne surprise : si quelques pages semblent arrachées à un manuel d’Histoire, le récit d’Hugo reste très accessible encore aujourd’hui, rythmé tantôt par de la mélancolie, tantôt par beaucoup, beaucoup d’humour : j’ai été émue à plusieurs reprises, tandis qu’à d’autres moments, j’ai ricané, surtout aux côtés de Gringoire.
Les lecteurs allergiques aux notes en bas de page risquent de faire une crise de leur côté, mais pour ma part, j’étais ravie : sans note, j’aurais été perdue et ça permet de se cultiver un peu (genre que thune vient de thuner qui voulait dire mendier, génial, non ?).

Il faut également aimer l’Histoire : Victor Hugo nous plonge dans un Paris tout en royauté et en architecture gothique, tout en places du peuple et bâtiments administratifs. Je n’ai pas la prétention de dire que j’ai tout retenu et que je pourrais me lancer dans un job d’été en tant que guide à Paris et certaines informations sont peut-être de trop... mais beaucoup servent pour le décor, tandis que d’autres permettent surtout de comprendre les oppositions entre le peuple et les nobles, les juifs et les catholiques, les victimes et la justice...
Victor Hugo dépeint un Moyen Âge très noir, peut-être un peu trop, où l’ignorance frappe même les figures d’autorité et créent, volontairement ou non, des destins bien tragiques. Véritable roman gothique, Hugo se serait même inspiré du Moine de Lewis et je reconnais quelques aspects de ce premier roman sombre.
Pour aimer Notre-Dame de Paris, il faut surtout aimer être offusqué par l’injustice et la dureté de la réalité, la violence et la déception. Et en même temps, ironiquement, ça donne des occasions de rire. Je pense tout d’abord aux jugements de Gringoire et de Quasimodo...

Visions de Notre-Dame, dessin de Victor Hugo.
Parce qu’il n’y a pas qu’Olivier Peru qui illustre ses propres romans~

... Et le comportement de Phœbus. Quand je me souvenais du Phœbus de Disney, je tombais de mon lit et par terre, je faisais mes abdos en rigolant parce que je n’en revenais pas : donc oubliez la version de Disney, même si vous écoutez l’OST pendant votre lecture.
Humour mis à part, les personnages sont de qualité. Des claques se perdent par moments, mais dans mon cas, c’étaient des claques de rage, de frustration, pourtant, je pensais être rodée pour mon attachement aux personnages fictifs avec le Trône de Fer…
En tout cas, la galerie réunit des caractéristiques que j’aime : du réalisme, pas de manichéisme, des interactions frappantes et surtout, un religieux qui découvre les faiblesses humaines. Le point suprême pour que je tombe dans le panneau.
L’histoire qui me marquera le plus sera sûrement celle de Pasquette la Chantefleurie de Reims, même si j’avais rapidement soupçonné les ressorts du récit, j’avais hâte d’en voir les répercussions et je n’ai pas été déçue !
« – […] Le jour est à tout le monde. Pourquoi ne me donne-t-on que la nuit ? »
P. 456

Tragique avec une fin très marquante ([spoiler sur la fin] ça calme de lire le passage où le corps d’Esmeralda tressaute car pendue haut et court. Une gamine de seize ans se faire exécuter en place publique et avoir les descriptions… Qui a dit que les classiques étaient chiants et mielleux ? [/fin du spoiler sur la fin]), des personnages qui s’accordent parfaitement au décor gothique, un médiéval aux traits grossis mais effrayant et une écriture savoureuse, Notre-Dame de Paris a réuni toutes les qualités que je demandais et c’est comblée que je sors de cette lecture, prête à lire de nouveau du Hugo.
La peur en moins.
Et sur ce, je retourne me plonger dans mon enfance non plus avec le Disney mais la comédie musicale.


Je raccroche cette chronique à l’idée n°29 du Challenge des 170 Idées : on voit la cathédrale de Notre-Dame de Paris et il fallait bien que je lui laisse cette place d’honneur :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Victor Hugo a écrit Notre-Dame de Paris à la demande de son éditeur qui lui réclame un roman historique dans la même lignée que ceux de Walter Scott qui connaissent un grand succès aussi bien en Angleterre qu’en France à cette époque. Requête acceptée, d’autant plus que Victor Hugo était un grand admirateur de Walter Scott.
• Si vous n’avez pas aimé Notre-Dame de Paris de votre côté, sachez que même à l’époque, un congénère avait qualifié en 1831 le roman « [d’]ennuyeux, vide [et] plein de prétention architecturale » : il s’agit de celui qui sniffait son p’tit expresso par citerne, Honoré de Balzac.

vendredi 1 avril 2016

La Maison de Soie, d'Anthony Horowitz,

Les aventures de l’Homme à la casquette plate et de la Maison de soie ont été, d’un certain point de vue, les plus sensationnelles de la carrière de Holmes. Seulement, à l’époque, il m’a été impossible de les raconter pour des raisons qui apparaîtront clairement au lecteur. Cependant, j’ai toujours eu le désir de les écrire, afin de compléter le canon holmésien.
C’était impossible plus tôt : les événements que je vais décrire étaient trop monstrueux, trop choquants pour être imprimés. Ils le sont toujours aujourd’hui. Je n’exagère rien en affirmant qu’ils pourraient mettre à mal le tissu tout entier de notre société, ce qui, particulièrement en temps de guerre, est une chose que je ne peux risquer. Une fois ma tâche accomplie, à supposer que j’aie la force de la mener à bien, j’empaquetterai le manuscrit et je l’enverrai dans les coffres de Cox and Co., à Charing Cross, où certains autres de mes papiers personnels sont conservés. Je donnerai comme instruction que, de cent ans, le paquet ne devra pas être ouvert. Il est impossible d’imaginer à quoi le monde ressemblera alors, mais peut-être mes futurs lecteurs seront-ils mieux immunisés contre le scandale et la corruption que mes contemporains. Je leur transmets ici un dernier portrait de Mr Sherlock Holmes.
Quatrième de couverture par Calmann-Lévy.
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« Holmes s’était souvent moqué de ma prose, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, si j’avais pris place devant le pupitre, je l’aurais senti debout derrière mon épaule, en train de se moquer gentiment, depuis l’outre-tombe, de tout ce que j’aurais pu dire. »
P. 11

Quand La Maison de Soie a été éditée, je l’ai reçu pour le Noël qui a suivi sa sortie. Mais avec cette vague de critiques enthousiastes, j’ai beaucoup retardé ma lecture, un peu inquiète, et j’avoue que j’ai commencé le roman à reculons. Tout le monde parle d’Anthony Horowitz comme le digne héritier fidèle de Sir Arthur Conan Doyle, qu’il s’agit de la révélation du siècle... Bref, le genre de pub qui ne rassure pas. 
Comme quand on appelle Stephenie Meyer la digne héritière de J. K. Rowling alors que Twilight a autant de rapport avec Harry Potter que j’en ai avec un morse (les blagues sur les dents sont déconseillées).
Au niveau espoir, j’ai eu une meilleure surprise avec La Maison de Soie qu’avec la romance de Bella et Edward ! Effectivement, si je refuse de dire qu’Anthony Horowitz est le nouveau Arthur Conan Doyle (car c’est contre mes principes de comparer deux auteurs comme ça, c’est réducteur), il est très fidèle en tout cas à l’œuvre première !


Comme pour Anne Perry et contrairement à Arthur Conan Doyle, Anthony Horowitz est libéré des mœurs victoriennes, pouvant offrir une trame plus glauque, plus fouillée et ainsi répondre à des attentes des lecteurs d’aujourd’hui. Ne vous attendez pas pour autant à un thriller violent et gore : Anthony Horowitz ne fait pas l’injure de servir un roman à la David Fincher où l’hémoglobine coule à flots et si l’enquête reste assez "simple", elle est axée sur l’intelligence et la logique. L’horreur du roman puise plutôt dans le comportement des coupables et leur psychologie, un sujet humain.
Certes ce n’est pas une logique aussi mind-fuckante que celle de Conan Doyle et si je n’avais pas deviné tout le mystère, j’ai vite suspecté les grandes lignes. Alors que j’étais bien souvent dans le brouillard total dans les nouvelles du canon…


Mais ces deux écarts n’empêchent pas la fidélité d’Horowitz à l’œuvre de Doyle : les références sont nombreuses, on sent que l’auteur a potassé son sujet et qu’il s’adresse à ceux qui connaissent le canon. Je pense qu’on peut lire La Maison de Soie sans avoir lu ne serait-ce que trois romans/nouvelles d’Arthur Conan Doyle, mais le roman risque de perdre de sa saveur. Reconnaissons-le : on lit des pastiches pour faire une continuité et combler le manque, partager un sujet favori.

Ici, on est devant un pastiche que les amateurs holmésiens devraient essayer : ne vous attendez pas à du Arthur Conan Doyle, attendez-vous plutôt à un bel hommage fait avec respect et modernité, proche du thriller. Malgré mes craintes, je ne regrette pas et j’accepte le fait que le roman ait autant de succès... Sans aller jusqu’à dire qu’Horowitz est le "nouveau Doyle", car je déteste ce genre d’appellation.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Les liens ci-dessous concernent le livre en grand format (l’édition que j’ai), mais la version poche existe depuis.