mardi 21 octobre 2014

Le Sang des Elfes, d'Andrzej Sapkowski,

Le royaume de Cintra a été entièrement détruit. Seule la petite princesse Ciri a survécu. Alors quelle tente de fuir la capitale, elle croise le chemin de Geralt de Riv. Pressentant chez lenfant des dons exceptionnels, il la conduit à Kaer Morhen, lantre des sorceleurs. Initiée aux arts magiques, Ciri y révèle bien vite sa véritable nature et lampleur de ses pouvoirs. Mais la princesse est en danger. Un mystérieux sorcier est à sa recherche. Il est prêt à tout pour semparer d'elle et nhésitera pas à menacer les amis du sorceleur pour arriver à ses fins...
Quatrième de couverture par Milady.
---

Je reprends donc avec plaisir la suite, ou plutôt le début, des grandes aventures du sorceleur Geralt, accompagné de sa Destinée, la princesse Ciri. Très (trop) prise par la rentrée, il me tardait vraiment de replonger dans l'univers d’Andrzej Spakowski, d’autant plus que j’en ai fini avec les nouvelles introductives et que Le Sang des Elfes, propulsant vraiment le lecteur dans l’aventure de Geralt et Ciri grâce à son format roman, j’avais hâte de me confronter de nouveau à cette saga.

Ceux qui connaissent les chroniques du Dernier Vœu et L’Épée de la Providence seront peut-être surpris de la note assez mitigée pour Le Sang des Elfes : effectivement, si j’ai été très emballée par les deux premiers volumes de nouvelles, je n’ai pas trouvé le premier roman suffisamment à la hauteur. Mais que je vous raconte tout ça…

Quelques couvertures des coins de l’Europe pour se représenter l’ambiance.

Déjà, c’est une grande chance que j’ai commencé à lire l'édition de Milady et non celle de Bragelonne qui fait du Sang des Elfes le premier volume de la saga du Sorceleur : sans l’avant-goût des premières nouvelles, j'aurais vite décroché aux périples de Geralt, Ciri, Triss Merigold (qui me plaît nettement plus que dans le jeu, au passage...) et Yennefer. Je n’ai pas détesté ce tome, le seul défaut que je peux lui reprocher, c’est d’être trop introductif. Il y a énormément de clins d’œil aux premières rencontres avec Geralt et des personnages comme Yennefer, Yarpen Zigrin, Ciri et j’en passe, forcément, je conseille vivement aux nouveaux lecteurs de suivre la publication de Milady plutôt que celle de Bragelonne.
Andrzej Sapkowski nous offre donc une série de longues introductions des personnages majeurs à sa saga, remettant plus les pendules à l’heure, rafraîchissant surtout la mémoire de ses lecteurs plutôt que de leur faire vivre dintenses voyages en pays imaginaire.
Attention toutefois, on sent les changements, on devine le calme avant la tempête et les complots commencent à se tisser.

Profitez de la bouille de la princesse, car petite Ciri deviendra grande (très vite).

J’ai regretté d’avoir trop d’informations dès ce début en fait, tant d’éléments politiques, tactiques de guerre et d’alliances ou de trahisons que je me demande si j’ai bien retenu tous les détails du Sang des Elfes ?
D’un autre côté, mon attachement pour ces personnages, notamment Ciri, s’est amplifiée ! J’ai adoré cette petite demoiselle à la fois garçon-manqué et princesse éduquée, à la fois jeune ignorante et redoutable graine magique, à la fois orpheline et protégée par un père chasseur et une mère stérile. On aperçoit déjà un étrange triangle familial avec Ciri au centre et j’ai hâte de voir ces relations évoluer, de les voir mises à l’épreuve. C’est sûrement ce détail qui a vraiment sauvé Le Sang des Elfes à mes yeux.
Toutefois, je n’oublie pas les moments forts qui persistent dans ce tome, [spoiler] rien que la bataille contre les membres de Scoia’tael et la mort presque absurde de ces elfes conservateurs m’a bien marquée [/spoiler].

Le Sang des Elfes n’est pas un mauvais tome, loin de là, mais en comparaison, c’est celui qui m’a le moins transportée. Je ne m’arrête pas pour autant ici dans la saga du Sorceleur, certainement pas et j’attaquerai très bientôt le tome suivant, Le Temps du Mépris, toujours aussi affamée d’aventures sanglantes et des guerres raciales.

Bien que la carte ne soit pas officielle, elle aide à se repérer dans ce monde de brutes.

Bon, on ne change pas, mon Challenge Dark Fantasy sera en partie complété grâce à la saga du Sorceleur, et c’est sans surprise que je rattache cette chronique au Challenge. J’ai été très surprise de voir beaucoup d’influences norroises dans ce tome, surtout au niveau du vocabulaire, Le Sang des Elfes rejoint donc aussi le Challenge Vikings !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il ny a aucune carte officielle pour la saga du Sorceleur. La plus populaire, celle que je propose dans ma chronique, est une carte fan-made qui vient de Russie et bien qu’elle comporte quelques erreurs, c’est la plus esthétique et la plus proche de la vérité.

vendredi 17 octobre 2014

Le Moine, de Matthew Gregory Lewis,

À l’époque de l’Inquisition, Ambrosio, prieur du couvent des Capucins à Madrid, est admiré pour sa vertu et la pureté de sa foi. Les fidèles se bousculent pour assister à ses célébrations de messes et tremblent devant ses sermons.
Cet homme rigide et pur ne se sent d’amitié que pour un jeune moine, Rosario. Mais celui-ci va révéler sa véritable identité et la vie du prieur va basculer, entraînant de nombreuses victimes dans les pires infamies...
Quatrième de couverture repris de LivrAddict.
---
« Honte à l’âme pusillanime qui n’a pas le courage d’être ami sûr ou ennemi déclaré ! »
P. 295 - 296

Quand mon cœur s’empêtre dans l’émotion ou dans la peur durant une lecture, quand je reste accrochée aux lignes jusqu’aux heures les moins raisonnables, alors je pense que je peux dire, sans me tromper, que ce livre est un véritable coup de cœur. À mes yeux, Le Moine est tout simplement une pure merveille du genre gothique, une perle noire que je place sur un écrin de velours.
Il y a bien longtemps que mon petit cœur ne s’était pas emballé comme ça et Matthew Lewis m’a captivé jusqu’aux dernières lignes de son premier roman.

Quelques couvertures, toutes les trois représentant très bien l'ambiance.

Le Moine relate un scénario classique dans la fiction religieuse : la foi du plus pieux moine ébranlée par les tentations, révélant ses faiblesses humaines. Classique mais à la fois rare ! Car quel livre peut se vanter d’avoir présenté ces tragédies aussi bien que dans Le Moine ? Quel auteur a osé pousser le vice aussi loin que Lewis ? Son récit s’est englué dans les thèmes les plus morbides, n’épargnant rien à son lecteur.
J’ai admiré l’audace de Lewis et l’ambiance qu’il a réussi à transmettre dans son œuvre, j’ai aimé ses personnages et son sujet osé. Mais je reprends bout à bout...

Déjà, Le Moine était à la base un roman éponyme : Ambrosio, Le Moine. Mais le protagoniste peut se nommer aussi Ambrosio, le tenté, Ambrosio, le narcissique, Ambrosio, l’infortuné... Tant de titres qui peuvent marcher ! J’ai trouvé ce moine très complet, très réaliste. Orgueilleux comme un coq mais à la fois ignorant comme un agneau, il est aussi innocent, capricieux et violent qu’un enfant.
Il accumule les conneries et les faux-pas et pourtant, pas une seule fois je l’ai détesté, prenant davantage pitié de ce personnage très tragique (quelle bonne chrétienne je fais).
Bien sûr, si je lui pardonnais, ce n’est pas à cause de Vincent Cassel sur la couverture (ce détail ne joue que 5%...), mais à cause de sa relation très complexe avec Mathilde. Je n’en dirais pas plus, mais cette femme m'a tout simplement fascinée. Déstabilisante, surprenante, riche et complexe, les moments les plus forts du roman ne se font jamais sans Mathilde. L’ombre d'Ambrosio surgit toujours à la moindre éclaircie et apporte son lot de surprises.
Forcément, ce duo ténébreux a un peu éclipsé les autres personnages... Même si je n’en garderai pas un souvenir aussi vif, je me souviendrai de la pauvre Antonia, du récit un peu déstabilisant et finalement captivant de Raymond, de la force d’Elvire, l’adorable Théodore qui apporte des lueurs dans ce roman noir et bien sûr, Agnès. Agnès qui restera enfermée dans le secret même dans ma chronique car je ne veux absolument rien dévoiler !
Sans oublier les créatures qu’on croise aux détours des pages...

« — Grand saint François ! [...] Savez-vous que le suicide est le plus grand des crimes ? Que vous perdez votre âme ? Que vous renoncez à tout salut ? Que vous vous préparez des tourments éternels ?
— Peu m’importe, peu m’importe, répliqua-t-elle avec véhémence ; ou votre main me guidera au paradis, ou la mienne va me vouez à l’enfer. »
P. 77

Tant de personnages différents des uns des autres qui connaîtront tous un destin plus ou moins jalonné de drames et d’épreuves. Matthew Lewis soulève par ces occasions des questions presque philosophiques sur les conditions humaines, la faiblesse du corps et les barrières que la religion n’arrive pas à dresser contre la violence, les passions irraisonnées et les tentations brûlantes. Il y narre aussi la déchéance ou au contraire l’apogée de certaines vies en nous épargnant, par bonheur, les questions de morale ([spoiler] par exemple, Ambrosio n’est pas puni par la justice de l’Inquisition, il est tout simplement piégé par Satan, mais ça, il était dans son collimateur dès les premiers chapitres…[/spoiler]). Bref, un programme bien intense pour tous ces acteurs.
Le style est bien évidemment dans le registre classique et les moins habitués risquent d’être rebutés, mais armez-vous de courage si les romans noirs vous attirent, foncez si vous connaissez déjà Victor Hugo ou une autre figure du classique, le roman de Matthew Lewis vaut vraiment le coup. Moi-même si j’ai mis tant de temps à écrire cette chronique, c’est que je cherchais mes mots pour exprimer combien cette histoire m’a marquée.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Tout d’abord intitulé Ambroise, ou le Moine, le roman a été écrit en seulement dix semaines en 1794 et fut publié durant l’été 1795. Son livre eut un tel succès qu’on finit par surnommer son auteur  Le Moine Lewis.
• Matthew G. Lewis aurait écrit ce livre pour sa mère, dans l’intention de la « divertir »… Il pensait à quoi alors que c’est une œuvre aussi glauque qu'une nuit brumeuse dans un cimetière ?!

mercredi 15 octobre 2014

Héros ou Couple inoubliables [07],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.




Pour aujourd’hui, j’aborde pour la première fois mon manga préféré, Monster. Si il s’agit de mon manga préféré, c’est grâce à son originalité mais surtout à son protagoniste :

    → Pourquoi ce personnage ?
Exceptionnellement, je parle d'un personnage de manga car Tenma mérite amplement sa place dans ce rendez-vous. C’est un héros comme on en rencontre rarement dans les œuvres modernes, surtout dans les mangas.
      → Est-ce le personnage principal ?
C’est le protagoniste principal en tout cas, l’antagoniste vaut aussi de l’or cela dit.
    → Quel aspect particulier du personnage vous a tant plu ?
Quitte à paraître un peu sadique, le premier aspect qui m’a plu est son histoire. Kenzô Tenma a tout pour plaire : neurochirurgien de génie, fiancé à la fille du directeur de l’hôpital où il pratique, aimé de ses patients et admiré par ses collègues, doux, généreux, tranquille. Puis, un beau jour, il perd absolument tout pour avoir sauvé la vie d’un petit garçon.
Ensuite, sa philosophie bien entendu. Tenma est juste le gars que tout le monde veut comme ami de cœur : souvent à l’écoute, indulgent, social… C’est le gars qu’on ne peut pas détester. Forcément, ses mésaventures dans la série Monster pousse le lecteur/spectateur à compatir avec ce pauvre nippon déchu dans un monde hostile où le nazisme marque encore les esprits.
Forcément, son parcours m’intriguait et j’étais comme un supporter durant un match de foot, suivant les pas de Tenma et souhaitant à chaque fin de tome une fin heureuse pour ce médecin dans l’âme.
Monster est un manga que j’adore et ma fascination pour le personnage de Tenma et sa relation avec l’antagoniste joue une grande partie. C’est une série que je conseille même aux néophytes du monde manga : vous risquez d’être surpris, surtout si vous ne connaissez que Dragon Ball Z ou One Piece.
Sur ce, à un prochain mercredi !

mercredi 8 octobre 2014

Héros ou Couple inoubliables [06],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.




Pour une fois, il ne s’agit pas d’un fan-ship, d’une romance à peine suggérée mais bien d’un véritable couple : il s’agit de la tragique paire que forment Huc de la Faye et Albérie, un couple un peu maudit mais très touchant. Attention, petit risque de spoil sur le tome 1 du Bal des Louves, La Chambre Maudite de Mireille Calmel !
http://lectures-de-vampire-aigri.blogspot.fr/2012/08/le-bal-des-louves-la-chambre-maudite-de.html

    → Pourquoi ce couple ?
Le Bal des Louves est typiquement une saga romance-historique, les couples sont donc nombreux et il se trouve que celui formé par Huc et Albérie était celui qui m’intéressait le plus.
    → Est-ce le couple principal ?
Il n’y a pas tellement de couple principal dans Le Bal des Louves, mais j’ai cru comprendre que c’était le couple le plus populaire auprès des lecteurs !
    → Quel aspect particulier de la relation vous a tant plu ?
Je suis une grande amoureuse du mythe du loup-garou et du conte La Belle et la Bête, ce qui explique rapidement mon attirance pour ce couple.
Albérie étant la louve, il y a comme une inversion des rôles dans La Bal des Louves. Mais loin d’avoir des allures de conte de fées, le couple que forment Albérie et Huc de la Faye prend carrément des dimensions presque philosophiques, cruellement réalistes. Huc de la Faye n’est "qu’un homme" esseulé, Albérie n’est "qu’une femme" maudite. L’alcoolisme, la lycanthropie et l’infidélité viennent tacher le romantisme de leur union, mais Mireille Calmel nous narre ces péripéties sans abuser des discours niais. Inutile de jouer dans le mélodrame à fond : malgré ces embûches, il faudrait être à la ramasse pour ne pas voir combien Huc aime sa femme.
Je n’ai pas lu beaucoup de romances où homme et lycanthrope se mêlent (et j’ai peur des exemples que je pourrais trouver dans la bit-lit), mais celui formé par Huc et Albérie me laissera un très bon souvenir.

L’illustration ne vous semble peut-être pas adéquate mais les visages sont proches de ceux que j’avais imaginé. De plus il se dégage une ambiance de cette image très similaire à celle qui enveloppe Albérie et Huc de la Faye.

dimanche 5 octobre 2014

La Servante Insoumise, de Jane Harris,

Fuyant un passé sordide, Bessy, 15 ans, est engagée comme servante dans un manoir isolé d’Écosse. Sa maîtresse, l’excentrique Lady Arabella, se pique d’étudier les mœurs des domestiques ; à cet effet, la jeune femme est tenue de consigner ses gestes et pensées. Fine mouche, Bessy se prend au jeu : avec gouaille et drôlerie, et sans aucune pudeur, elle relate sa vie au service d’une "grande"...
Quatrième de couverture par Points.
---
« En m’approchant j’ai été surprise et pas mal troublée de voir que le crocus laissé par maîtresse au pied de la tombe paraissait avoir été renversé d’un geste brutal. Le pot était brisé et la terre (qui avait à mes yeux la couleur du sang séché) s’était répandue sur le sol. Le bulbe et les pétales avaient été piétinés. Pas moyen de savoir comment s’était arrivé. »
P. 361

J’ai mis du temps à sortir ce livre de ma PAL, je l’avais même cité dans le rendez-vous Dans ma PAL il y a un an, mais ce n’est que grâce au challenge littérature écossaise que j’ai lu le roman de Jane Harris. Et je ne regrette pas du tout cette lecture !

 Bon. Y a pas à tortiller : la couverture du milieu fait vraiment pâle figure...

Derrière ce titre aux tendances pornos et cette couverture bourrée d’anachronismes (si vous regardez bien, on aperçoit un poteau téléphonique...) se cache une histoire sordide et originale qui se déroule dans les années 1860. Originale, c’est le mot : vous ne trouverez pas un roman dont la narration est similaire à celle de La Servante Insoumise. Quand on ouvre un livre qui se déroule à l’époque victorienne, on s’attend à un vocabulaire chaste et guindé. Mais Bessy n’a pas sa langue dans sa poche, Bessy connaît la vie, mais Bessy n’est pas tout à fait comme Jane Eyre, car contrairement à la célèbre héroïne de Charlotte Brontë, Bessy est vulgaire, raconte comme une vraie Irlandaise des rues, fait des blagues un peu vaches... Bessy n’est pas un modèle comme la tendre Jane, Bessy, c’est la bonne copine d’il y a 150 ans.
Car en 545 pages, malgré mes premiers ressentis un peu mitigés, je me suis attachée à ce bout de demoiselle, peut-être aussi parce que l’histoire qu’elle narre prête souvent à rire ou à trembler.

L’histoire est d’ailleurs quelque chose qui m’a beaucoup perturbé : certains résumés ne se ressemblent pas, Points range le livre de Jane Harris dans aucune catégorie et il est dur de lui coller une étiquette sur la tranche. Là est le soucis ! Où nous entraîne Jane Harris ? Si vous me posiez la question, je dirai que c’est une histoire écossaise.
Tous les ingrédients made in Scotland se dissimulent entre ces pages, que ce soit la fascination pour les histoires de fantôme, les décors froids et brumeux, les oppositions farouches entre anglais et écossais, les rancœurs entre écossais et irlandais, les villages désolées et pauvres et le langage libéré de la demoiselle d’Irlande. Sans oublier une grosse dose de psychologie, tant sur la relation mère-de-substitution entre Madame Reid et Bessy et de traumatismes venant d’une sordide affaire policière. La Servante Insoumise n’est donc pas un thriller qui tourne autour d’un corps couvert de sang encore chaud mais d’une tombe glacée par l’hiver.

J’en garderai donc un très bon souvenir avec cette histoire sympathique, des personnages intéressants (petite mention à James Reid que j’ai mis du temps à apprécier et même si il se révèle étrange jusqu’au bout, j’ai été attendrie par cet homme décalé) et une ambiance typiquement écossaise qui vient envelopper le lecteur.

Je rejoins cette chronique au Challenge Écosse (car même si il est moins historique que L’Hermine, on ne peut pas se tromper sur le décor) et à l’idée n° 125 du Challenge des 170 Idées (mais Dieu sait que je déteste cette couverture et cette ridicule robe sans manche...) :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• On peut dire que Jane Harris maîtrise bien son sujet Irlande-Écosse puisqu’elle est elle-même une Irlandaise qui a été élevée en terre écossaise.
• Il s’agit du premier roman de Jane Harris et il a été accueilli avec de très bonnes critiques. Même de la part des anglais, c’est pour dire !

Le soir, Lilith, de Philippe Pratx,

23 novembre 1924, Lilith Hevesi, star du cinéma muet, est retrouvée morte dans le château où elle s'est retirée dans la campagne hongroise. 
Quarante ans plus tard, le narrateur tente de dépoussiérer son passé, ses recherches sont perturbées par une femme qui éveille rapidement ses soupçons... Lilith est un fantôme qui arpente les différentes strates du temps dans des mondes aux frontières incertaines dont on ne cesse de gratter la pellicule inflammable.
Quatrième de couverture par L'Harmattan.
---
« Je suis évanescente, au bord de rien, j’aime dormir, j’aimerais m’effacer dans le sommeil, ne renaître que dans un monde qui en vaille la peine. Et toi tu veux m’éveiller, m’extraire toute crue de mon propre cerveau d’ouate douillette ! »
P. 31

Tout d’abord, je tiens à remercier l’auteur Philippe Pratx de m’avoir proposé son roman (je pensais être cachée dans l’ombre, mais pas suffisamment en fait) et je suis ravie de pouvoir chroniquer Le Soir, Lilith car ce fût une bien belle découverte !

Roman original, Le Soir, Lilith, dans la même veine que Carrie, est une enquête fictive aussi difficile à approcher qu’une diva du cinéma. Les personnages sont peu nombreux, l’enchaînement est haché par des études cinématographiques et des souvenirs évaporés, le contexte est flou et le narrateur lui-même ne sait pas où cette enquête nous conduira. Pourtant, ce serait se tromper que de dire que Pratx n’use pas d’un certain style : les métaphores de la nuit sont nombreuses et la lecture est très fluide, étrangement poétique. Si j’étais perturbée par tous ces filons d’histoire, je n’ai eu aucun mal à lire l’étrange biographie de Lilith Hevesi, dite Eve Whiteland.

Peut-être aussi parce que Lilith Hevesi est un personnage qui m’a charmé. Déjà, le choix du nom et du surnom n’est pas un hasard : Lilith, la première femme cachée, Eve, celle qui est connue, exposée. Aussi mystérieuse qu’extravertie, aussi drôle que dramatique, aussi amoureuse qu’insaisissable, on en vient à se demander qui était vraiment Lilith. Qui est la femme ? Qui est l’actrice ? Où sont ses rôles dans sa personnalité ? Le lecteur découvre le noyau de cette femme presque surnaturelle en même temps que le narrateur qui pensait la connaître.

Dans Le Soir, Lilith, nous sommes plus proches du cinéma scandinave que du cinéma américain,
avec la compagnie de, entre autres, Victor Sjöström et Mauritz Stiller.

C’est ce qui m’a fait aimer Le Soir, Lilith d’ailleurs : les nombreuses questions soulevées dans le monde du cinéma. J’ai toujours été passionnée par l’étroite relation entre l’acteur et ses rôles, l’acteur en lui-même et la vision qu’il renvoie au public, l’univers du travail derrière le grand écran, la réalité d’un dur labeur cinématographique... Et Pratx nous plonge dans l’univers du Septième Art, mais en nous préservant des clichés trop redondants, nous emmenant plutôt dans les coulisses poussiéreuses de la fin d’une carrière, la chambre mortuaire d’une étoile.
Il y a donc une ambiance étrange, saturée d’ombres opaques, renvoyant à un huis-clos de l’âme et je ne peux m’empêcher de vous avouer que j’ai lu le roman avec l’OST du jeu Scratches en boucle. Pour vous donner une idée…

Pour moi, ça deviendrait presque l’OST dun film Le Soir, Lilith.

Je ne tiens évidemment pas à dévoiler les mystères qui attendent les lecteurs qui oseront approcher Lilith, mais si vous êtes passionné par le cinéma, les univers sombres et les "légendes urbaines", il est fort possible que vous succombiez aussi au regard langoureux de cette sorcière adorée.

J’ai eu du mal à noter la présence du serpent sur la couverture, pensant qu’il s’agissait d’une natte... Je peux finalement rattacher la chronique de Le Soir, Lilith à l'idée n° 45 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Pour avoir une première approche avec le livre, je peux vous rediriger vers un site qui a été entièrement conçu pour l’univers de Lilith, vous trouverez sa biographie et sa filmographie, des critiques du livre, des extraits… De quoi renforcer le fantôme de cette actrice mystérieuse.
• Lilith Hevesi emprunte les traits de l’actrice Greta Garbo et Philippe Pratx s’autorise même un petit clin d’œil en la citant à la page 65.


samedi 4 octobre 2014

Scratches,

De sombres légendes entourent la vieille maison abandonnée de Blackwood, isolée très loin dans les déserts du nord. Pour l'écrivain Michael Arthate, cette atmosphère froide et solitaire est une source d'inspiration pour son imagination agitée.
Résumé par Steam.
---

Cet été, quand les températures grimpaient même quand il faisait nuit (le ventilo de l’ordi y était peut-être pour quelque chose...), je me rafraîchissais à coups de sueurs froides sur Scratches. Et autant dire que, même si l’aventure fut courte, elle fut efficace.


J’avoue que j’ai un petit beguin pour les histoires où les écrivains deviennent des explorateurs de l’horreur, piégés dans leur propre univers (je vous renvoie à Alan Wake, Misery, Shining...). Ici, Scratches nous place en compagnie de l’écrivain Michael Arthate qui va chercher l’inspiration dans un vieux manoir victorien déserté, sans savoir qu’il va être embarqué dans une enquête sordide où plusieurs cadavres sortiront du placard… Le tout est de savoir la raison des étranges décès et malheurs qui ont frappé la famille Blackwood et Scratches se joue du geek avec deux théories possibles en parallèle : une malédiction africaine totalement surnaturelle ou une folie meurtrière bien réelle.
Le scénario est donc assez classique dans son ensemble, mais je me suis prêtée aux énigmes et ma curiosité m’a poussé à connaître le fin mot de l’histoire.


Mon gros regret reste quand même le manque d’énigmes : Scratches est plus un jeu d’exploration qu’un point’n’click avec des puzzles, des casse-têtes. Il faut quand même faire preuve de logique et la réflexion sera de mise (je pense notamment aux plans trouvés qui [spoiler énigme] permettent de découvrir qu’il y a une chambre emmurée au second étage…[/spoiler énigme] Cela dit, il faut bien le faire remarquer au personnage, autrement, il ne le notera pas et c’est comme si vous n’aviez rien vu).
Mais enfin, pas de quoi se taper la tête contre un mur… Michael est juste un peu lent du bulbe, c’est la plus grosse lacune que j’ai rencontré...

Par contre, l’ambiance vient renforcer l’histoire, amortissant une déception qui risquait de poindre le bout de son nez. Le décor, forcément, a son charme : vieux manoir luxueux, jardin desséché et météo lugubre. Sans oublier les bruitages qui mêlent les tics-tacs d’horloge, des gouttes de pluie qui s’écrasent contre les vitres ou des grincements de portes. Le son est surtout porté par une série de musiques vraiment agréables ! Un brin de classique accompagné à des notes d’angoisse dignes des films d’épouvante : tout ce que j’aime.

Je vous laisse juger avec ce petit thème en avant-goût.

Si Scratches ne doit pas se vanter de son gameplay assez maladroit et balourd et son absence quasi-totale d’énigmes, il peut par contre écraser ses voisins avec son histoire angoissante et ses moments de surprise très, très efficaces.
Autant vous dire que je ne vois plus les masques africains de la même manière…


             Quelques anecdotes sur ce jeu,
• Sorti tout d’abord en 2006, Scratches est devenu depuis Scratches Director's Cut depuis 2011 : rien ne change dans le jeu si ce n’est que deux fins sont possibles, à vous de choisir le scénario dès le début du jeu.
• Pour ceux qui veulent savoir, la tribu mentionnée dans le jeu se nomme D'lhaum, ou dit "Le Peuple de la Guerre". Mais rassurez-vous, il s’agit d’une tribu fictive~
• Tous les screens de cette chronique sont issus de ma propre partie.

Acheter sur Steam
(Parce que je n’ai même pas envie de vous laisser les liens dAmazon et de Fnac tant les prix sont exorbitants)

mercredi 1 octobre 2014

Héros ou Couple inoubliables [05],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.




Cette semaine, une forte tête est à l’honneur, et pourtant, on ne dirait pas...


    → Pourquoi ce personnage ?
Comme je l’ai mentionné dans ma chronique de Jane Eyre, ma rencontre avec Charlotte Brontë et son p’tit bout de femme m’a énormément marqué. J’avais emporté ce roman durant un voyage scolaire à Florence avec ma classe d’art et, tous les jours, on étudiait des architectures travaillées et colorées (j’ai jamais vu une composition de couleurs aussi moche que sur la Santa Maria del Fiore... Vert pastel, rose saumon et blanc cassé quoi... Et encore, ça passe mieux en photo quen vrai), des tableaux détaillés et dorés... Bref, une quantité impressionnante de richesse visuelle.
Noyée dans ces torrents fastueux, c’était un réel plaisir d’ouvrir Jane Eyre et de goûter aux décors froids, frappés par le vent et à la simplicité de cette héroïne qui mérite largement un petit article pour ce rendez-vous.
    → Est-ce le personnage principal ?
Oui.
    → Quel aspect particulier du personnage vous a tant plu ?
Il n’y a pas qu’un aspect mais plusieurs !
Déjà sa franchise : toute jeune, dès les premiers chapitres de sa vie, Jane Eyre fait preuve d’une honnêteté assez déstabilisante, elle est presque "brut de décoffrage" en fait. Elle n’est cependant pas "méchante" ou sans le moindre tact, allant même jusqu’à se montrer beaucoup plus sévère envers elle-même qu’envers les autres.
Il y a ensuite sa simplicité : j’avais parlé dans ma chronique de mon irritation pour les couvertures "glamours" qui ne sont pas du tout représentatives de l’œuvre de Charlotte Brontë, car Jane Eyre est simple, vraie, voire "naturelle" comme diraient les adeptes de new-age. Jane Eyre est "accessible" à toutes les lectrices, même celles du XXIème siècle : elle n’est pas d’une grande beauté (ça tombe bien, Rochester non plus), elle ne possède pas uniquement des qualités, ses traits de caractère sont même équilibrés et sous ce vernis de sagesse, elle est femme, typiquement femme (ces passages où elle se retrouve jalouse malgré elle, ce qui va à l’encontre de son côté pieux par exemple).
Charlotte Brontë a accompli un travail extraordinaire à la rendre réaliste et je me suis vraiment attachée à ce personnage plein de bon sens, à tel point que ça m’a fait de la peine de fermer le livre malgré son happy ending.

Si seulement certaines héroïnes d'aujourd'hui pouvaient en prendre de la graine...