mardi 12 novembre 2013

Le Diable danse à Bleeding Heart Square, d'Andrew Taylor,

1934. Lydia Langstone fuit son mari, tyrannique et violent. Elle quitte la haute société londonienne, et tous ses privilèges, pour Bleeding Hearth Square. Un nom funeste à l’image d’un sombre quartier.
Là, elle trouve refuge dans une pension de famille. Un asile finalement bien inquiétant : Miss Penhow, l’ancienne propriétaire, est portée disparue ; Joseph Serridge, son successeur, est introuvable ; un homme surveille jour et nuit la maisonnée…
Et régulièrement parviennent à cette adresse des morceaux de cœur en décomposition, enveloppés dans du papier kraft…
Quatrième de couverture par Pocket
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«  Le temps passa. Sur la tablette de la cheminée, l’horrible pendule française que les parents de Marcus avaient héritée d’une quelconque grand-tante Langstone poussiéreuse, scandait les instants comme un métronome, et les élancements dans sa joue suivaient le rythme. Les Langstone contrôlaient jusqu’à sa douleur. Sa joue devait saigner, mais elle ne voulait pas le vérifier. »
P. 15

Comment résister à ce titre ? Comment résister à cette couverture ? C’est le genre d’image que je me fais de l’entrée d’un grand salon de thé-librairie où les variétés de thé sont aussi nombreuses que les poils de la barbe d’un nain, où les ouvrages sont aussi abondants que les parisiens dans le métro aux heures de pointe et où l’horreur côtoie de près le raffinement comme un vieil ami.
… Mouais, franchement, j’y réfléchirai à deux fois la prochaine fois avant de me laisser séduire par une couverture qui me la joue séducteur façon Serj Tankian.

Bleeding Heart Square est inspiré de Bleeding Heart Yard qui existe réellement 
et est une place chargée de légendes urbaines

Je vais quand même commencer par le point positif qui n’est pas négligeable : la plume d’Andrew Taylor. Sans oublier le travail de la traductrice Danièle Mazingarbe qui a habilement retranscrit le récit du Diable dansant à Bleeding Heart Square. J’ai apprécié beaucoup de métaphores et de descriptions où le charme londonien opérait si facilement. Sans compter que l’époque est tranquillement insérée dans ces petits paragraphes anglais, nous communiquant les rues de l’entre-deux-guerres mais également les conditions de vie.
Andrew Taylor maîtrise son année et plus encore, il partage ses connaissances concernant la vie des femmes de l’époque. Ironique et délicat passé d’ailleurs puisque les femmes anglaises avaient le droit de vote, le droit de travailler… Mais concernant les mœurs, on sentait encore l’influence des siècles précédents. Les degrés étaient différents selon les classes et Taylor en tient compte en faisant chuter son personnage Lydia Langstone de la haute société aisée aux bas-quartiers où on se rend compte qu’il est vitale d’avoir un toit au-dessus du crâne.

Version française et version anglaise.

Avec un décor si impeccablement dressé, on se demande ce qui m’a tant dérangée dans Le diable danse à Bleeding Heart Square. L’enquête. On est quand même loin du thriller palpitant où les indices fleurissent aux coins des pages, où les victimes sont frappées aux moments les plus inattendus, où les puzzles amènent plus de questions que de réponses… En fait, Le diable danse à Bleeding Heart Square est un policier relativement tranquille où l’enquête est entrecoupée par des tranches du quotidien des personnages.
Cela ne me dérangerait pas des masses si je m’étais attachée aux acteurs de cette aventure, sauf qu’aucun ne m’a réellement plu. J’ai beaucoup apprécié Lydia Langstone, j’ai beaucoup apprécié Rory Wentwood tout comme j’ai apprécié Joseph Serridge. Mais pas suffisamment pour me tenir en haleine. Disons que les personnages étaient bien trop fades, trop classiques à mes yeux.
Mais qu’en est-il de l’enquête plus précisément ? Déjà, le résumé sort le grand jeu alors qu’il n’y a pas de quoi s’affoler. Déjà, un p’tit spoil pour éviter une déception générale : Serridge n’a jamais disparu comme semble le sous-entendre l’éditeur. On le rencontre même au bout d’une cinquantaine de pages. Pareil pour les cœurs, quatre ou cinq viennent perturber la vie de Bleeding Heart Square mais ne consistent pas en des indices ultra-palpitants.

J’avoue qu’au bout d’un moment, je m’ennuyais vraiment. L’évolution que suit le récit est étrange, brouillon (d’autant plus que la police a un rôle infime donc niveau organisation, c’est mort, haha) et les révélations de dernière minute sont tellement attendues que les lire enfin n’arrivait même pas à me réjouir. Pour tout dire, j’avais la sensation que l’intrigue commençait sérieusement à prendre forme à partir de la page 400... Sur 570 pages, c’est pas trop tôt, ça va…

Je m’attendais à retrouver l’ambiance glauque de Noir Corbeau, une enquête aussi intrigante que dans Il était une fois un crime. Pas du tout et c’est pourquoi j’ai été terriblement déçue par Le Diable danse à Bleeding Heart Square qui s’effacera sûrement de ma mémoire dans cinq ou six mois.
Cela dit, je retiens le nom d’Andrew Taylor car sa plume me donne envie de lui laisser une seconde une chance et si le résumé de son prochain livre me tente, je le lirai probablement.

Enfin. Après tant de frustration, une p’tite image de Serj Tankian me remonterait bien le moral.
Cette chronique est ma première participation pour le Challenge des 170 Idées ! Avec le portail, j’associe Le Diable danse à Bleeding Heart Square à l’idée 32.
             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Comme cité plus haut, Bleeding Heart Square n’est pas totalement fictif puisqu’il est librement inspiré de Bleeding Heart Yard dans Farringdon, Londres. Une légende raconte qu’après un bal, Lady Elizabeth Hatton serait partie danser avec un étranger bien charmant avant d’être retrouvée au petit matin éventrée et le cœur toujours battant. Enfin, c’est bien mignon mais j’ai rien trouvé de plus de mon côté.

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