mercredi 12 septembre 2012

Fargo Rock City, confessions d'un fan de Heavy Metal en zone rurale, de Chuck Klosterman


Wyndmere, Dakota du Nord, 498 habitants, 1983. Chuck Klosterman a 11 ans lorsque son frère aîné ramène un jour à la ferme familiale, non loin de la ville de Fargo immortalisée par les frères Coen, le chef-d'œuvre de Mötley Crüe, Shout At The Devil. L'univers tonitruant et vénéneux du glam metal en fusion va changer la vie de notre jeune rural à la nuque dégagée. Durant toutes les années 80, le collégien -comme des légions d'adolescents du monde entier- punaisera les posters de Kiss, Poison, Cinderella, Helloween, Guns N'Roses et autres W.A.S.P. sur les murs de sa chambre. Chuck Klosterman a beaucoup aimé le heavy metal. Il en connaît tous les groupes. Toutes les subtilités. Tous les codes et les clichés. Toutes les mythologies. C'est ce qui rend ce livre exalté, décalé, plein de finesse et d'humour, unique en son genre. À la fois analyse historique, critique culturelle et hilarant journal d'un kid métallo en plein Midwest, Fargo Rock City est une formidable plongée dans un hard rock peroxydé et moulé dans le cuir clouté. Une vibrante lettre d'amour à un genre très souvent méprisé par la critique. Un hymne éclatant, enfin, à la jeunesse et au rock & roll.
Quatrième de couverture par Rivages.
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« Aujourd’hui encore, « In-A-Gadda-Da-Vida » est aussi heavy que du plutonium à usage militaire. »
P.30

Étant une grande fan de tout ce qui est rock et metal, je connaissais déjà quelques biographies sympathiques de la collection Camion Noir (notamment ceux à propos de Metallica) mais jamais encore je n’avais vu un livre traitant du Heavy Metal en lui-même et ainsi exposé au milieu de Virgin. Même pas sous des piles de livres pour combattre l’anorexie (pardonnez-moi du terme, mais on en BOUFFE de ces bouquins), pas le bouquin corné et mal rangé, déchiré que personne ne prendra. Non : Fargo Rock City, confessions d'un fan de Heavy Metal en zone rurale, avec ses jolies vaches maquillées à la Kiss, pouvait attirer n’importe quel regard. Dont le mien. Et voilà que je passais en caisse pour acheter cet ouvrage intriguant.

La bouille de l'auteur.

Vous vous doutez que si les noms tels que Skid Row, Mötley Crüe et Van Halen ne vous disent rien, je vous déconseille fortement de lire Fargo Rock City. Après tout, tout est dans le titre ; pourquoi un fan de Beatles lirait ce livre ? Comment un fan de rap pourrait s’intéresser à ce bouquin si il ne connaît rien au heavy metal ?
Mais pour ceux qui écoute encore Shout at the Devil (dont il est grandement question dans le livre), … And Justice for All et Nevermind (loin d’être du metal mais il est quand même mentionné plusieurs fois dans le livre) en regrettant de ne pas avoir eu 14 ans dans les années 80 ou en regrettant de ne pas pouvoir remonter le temps, Fargo Rock City pourrait vous intéresser.

Mecs ou filles ? La question qui
perturba le petit Chuck Klosterman 


Avec quelques bribes d’autobiographie, d’interviews et d’analyses, Chuck Klosterman aborde des questions presque philosophiques sur ce courant qui s’est multiplié à une vitesse folle dans les années 80, comme : est-ce que le Heavy Metal est apparu par hasard à cette époque ? Les groupes devaient-ils uniquement composer de la musique que le public veut entendre ou devraient-ils faire de la musique comme bon leur semble ? Le Heavy Metal est-il vraiment responsable des cas de suicides et de violence chez les jeunes ? Bref, de quoi faire réfléchir durant la lecture grâce à l’écriture de Chuck Klosterman.





« Tom Keifer ne s’est pas réveillé un beau matin avec cette coiffure (même si, par moments, on aurait pu croire que c’était le cas). […] Je suis certain que personne ne s’est jamais suicidé en écoutant Long Cold Winter, mais Tom parlait quand même de la vie et de la mort. Judas Priest poussait soi-disant des gamins à pointer un flingue sur leur tempe ; Cinderella me faisait faire la même chose, mais avec un sèche-cheveux. »
P. 70
Mais aussi des sujets plus légers, comme sur le fait que le clavier était un instrument qui désignait un groupe de metal qui craint. Ou encore, cette mode de cheveux longs, etc. 



C’est d’ailleurs un point de j’ai aimé : Chuck Klosterman emploie un style très oral, on ne lit pas, on l’entend parler, nous raconter. Comme dans une conversation, on écoute les arguments de l’autre en se disant qu’on est d’accords ou au contraire, que ce mec est un crétin et qu’il ne peut pas avoir raison. Loin d’avoir la langue dans sa poche, l’auteur mitraille même les groupes qu’il aime. Mais c’est à prendre à la légère, il n’a pas écrit ce livre pour cracher sur des groupes. Je pense qu’il faut avoir un certain humour, une certaine ouverture d’esprit pour apprécier Fargo Rock City.

« Écouter Clapton, c'est recevoir un massage sensuel de la femme que vous aimez depuis dix ans ; écouter Van Halen, c'est passer la meilleure nuit de sexe de votre vie avec trois élèves infirmières canon rencontrées dans un Tastee Freez. » 
P. 33
Bon. Niveau écriture par contre, la lecture est loin d’être évidente car elle est entrecoupée ponctuellement de références à la culture américaine des années 80, autant dire que Google m’a bien servi. Fargo Rock City n’est pas un roman, c’est un hybride entre l’autobiographie amère et l’étude ironique du Heavy Metal. Mais il y a quand même des passages touchants, comme ce passage où Chuck Klosterman partage un moment avec une fille qu’il aimait à l’époque du nom de Janet Veit, personnellement, ça m’a fait sourire niaisement. Après, je suis une gonzesse, c’est normal.

Une des couvertures américaines. 
« L’illusion occultiste a toujours été en grande partie ce que j’adorais dans le heavy metal. Le diable m’intriguait plus que le sexe et les drogues réunis, parce que j’avais l’impression que Satan était partout. Je pensais honnêtement que j’avais plus de chances de rencontrer Satan que de rencontrer une pute ou un dealer. »
P. 149
En somme, Fargo Rock City est une étude intelligente et sympa dans le ton à propos du Heavy Metal qui n’est pas seulement une musique de brutes, de bourrins (d’ailleurs, c’est faux, les metalleux sont des crèmes, des ours et certains sont de vrais intellos), Chuck Klosterman nous le prouve et même si la gloire du metal est mort en même temps des le XXème siècle, au moins la culture musicale n’a pas tout à fait disparu et ce livre apporte une certaine réjouissance.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Pas tellement sur le bouquin (quoique cela pourrait intéresser Chuck Klosterman) mais sur une étude psychologique. Certains ignorent peut-être que je suis en psychologie et que un de mes groupes préférés est Metallica (Mes groupies les plus fidèles le savent, au moins). Vous imaginez donc ma joie quand j’ai vu une image de Lars, le guitariste, dans un de mes manuels d'école. J’en viens au fait : une étude montre que plus les membres de Metallica avaient les cheveux longs, plus ils vendaient de CDs. Influence inconsciente ? Faut-il avoir une chevelure à la Raiponce pour être le plus gros vendeur de CDs ? Je vous laisse méditer, de mon côté, je reste sceptique face à cette étude.

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