vendredi 20 avril 2012

Un Homme au Singulier, de Christopher Isherwood,


Dans ce roman brillant, pénétrant, à la fois drôle et douloureux, Isherwood explore le sujet qui lui tient le plus à cœur. Son personnage principal est un Anglais vieillissant qui vit en Californie, un professeur que séparent de ses élèves l'âge et la nationalité, et du reste de la société son homosexualité assumée, lucide. Cet autoportrait légèrement transposé, sarcastique et amer, peinture sans fard de la condition d'un homosexuel individualiste dans un monde conformiste et grégaire, est aussi une âpre méditation sur la solitude humaine. On retrouve dans ce livre la vivacité, l'humour, mais aussi le goût des ambiguïtés sexuelles et des personnages marginaux propres à l'œuvre d'Isherwood.
Quatrième de Couverture par Fayard
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J'avoue que Christopher Isherwood est un auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et que les méditations d'un homme sophistiqué mais dépressif ne sont pas le genre de roman que j'ai l'habitude de lire.
Alors comment je suis tombée dessus ? Parce que j'ai été absolument charmée par le téléfilm Christopher and His Kind qui retrace un événement de la vie de l'auteur (incarné par Matt Smith, d'où mon intérêt pour le film). En flirtant un peu avec la liste de ses œuvres, Un Homme au Singulier fut mon premier choix, car le moins difficile à se procurer. Et à partir de là, je m'installe entre les wagons dans mon train, pour 4 heures de trajet. Je savais où le train m'amènait, mais ce livre que je tenais dans les mains, j'en avais pas la moindre idée.

Bien que j'ai eu un début un peu difficile avec le style de Christopher Isherwood, j'ai réussi à m'y habituer durant ma lecture sans trop de problèmes. 
Il y a parfois des petits détails dans un livre qui nous emballent immédiatement, et dans Un Homme au Singulier, c'est le réalisme qui tout de suite m'a charmé. Cet homme du nom de George, dont nous explorons les pensées les plus intimes, n'a rien d'exceptionnel, il mène une existence dont la banalité est frappante et la vie ne lui fait aucun cadeau. Pourtant, George est cultivé, il est d'une intelligence remarquable et les pensées, qu'il partage sans le savoir, nous fascinent, nous intéressent, car elles nous concernent également. 
Loin d'être moraliste ou imposant, ce roman nous offre plus l'initiative de réfléchir comme George le fait durant le roman. Isherwood ne nous oblige pas d'être d'accord avec son personnage, il nous raconte une histoire qui semble simple aux premières approches mais qui éveille des questions quotidiennes et importantes. J'ai été très émue personnellement en constatant toute la solitude de George et de me sentir en même temps très proche de lui. Le bouquin fait l'effet d'écouter un ami de longue date dont on ignorait tout et qu'à la fin, on se découvre une multitude de points communs, à notre grande surprise. Je ne pense pas être la seule à avoir eu cette impression durant ma lecture. Je n'espère pas tout du moins, ou les précédents lecteurs sont passés à côté de beaucoup de choses fantastiques.
Vous avez sûrement entendu la citation "finir un livre, c'est un peu perdre un ami". Un Homme au Singulier est, pour moi, le roman définitivement raccroché à cette phrase tellement vraie. 

En gros, le roman résume toutes les pensées durant une seule et même journée d'un homme sensible qui voit la beauté dans un monde désolé qui redoute la Troisième Guerre Mondiale. Un homme qui est vu comme un "monstre" dans ces rudes années à cause de son homosexualité affirmée alors que les familles respectables autour ne sont pas plus heureuses ou épanouies. Un professeur terriblement intelligent mais incapable d'offrir toutes ses précieuses connaissances à ses élèves ignorants. Bref, un roman d'une grande tristesse mais subtil et instructif.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Une excellente adaptation est sortie dans les cinémas français en Février 2010, signée par Tom Ford et mettant en scène l'impressionnant Colin Firth et la talentueuse Julianne Moore. J'ai vu le film après avoir lu le roman et de mon point de vue, Tom Ford a réussi à conserver tout le charme que Christopher Isherwood a placé dans son œuvre. Je dirai même que le film complète le roman : les deux œuvres ne font qu'une, selon moi.


2 commentaires:

  1. Ton analyse entre le film et le bouquin, comme quoi les deux se complètent, me paraît très juste ! Merci beaucoup pour cet avis tout en détail (:

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    1. Mais de rien, merci pour la visite ;)

      J'ai aimé le film surtout parce qu'il n'est pas "si fidèle" (des passages, comme l'amante de Jim par exemple, n'apparaissent pas) mais comme quoi, on peut faire une excellente adaptation sans que le réalisateur suive chaque page de près ! Il s'est vraiment approprié l'histoire mais au cinéma, avec des jeux de couleurs et tout...

      Je passerai voir ton avis également, c'est rare de voir une critique sur ce livre :D

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